La Belle vie : critique au vert

Christophe Foltzer | 8 avril 2014 - MAJ : 04/06/2019 15:46
Christophe Foltzer | 8 avril 2014 - MAJ : 04/06/2019 15:46

Premier film d'une qualité exceptionnelle, La Belle vie sort enfin sur nos écrans après une tournée en festivals riche en récompenses. L'occasion de découvrir un nouveau réalisateur avec qui il faudra désormais compter, Jean Denizot.

TROP BELLE LA VIE ?

La première chose qui sidère quand on voit La Belle vie, c'est la maîtrise filmique de son réalisateur. Cadres impeccables, mise en scène pertinente et inspirée, photographie sublime qui renforce son ambiance envoûtante, on a bien du mal à croire qu'il ne s'agit que d'un premier film. A l'image de La pièce manquante de Nicolas Birkenstock, La Belle Vie prouve qu'une nouvelle génération de metteurs en scène émerge, une génération qui n'a pas peur de faire du cinéma et qui, plutôt que de s'enfermer dans le piège de la citation de surface, intègre sa culture pour affiner son style et raconter quelque chose. Et franchement, c'est salvateur, surtout en ces périodes troubles où le cinéma français s'enferme dans une impasse.

 

 

Voir un film comme La Belle Vie, c'est retrouver le cinéma des grands espaces, c'est s'approcher de l'humain dans toute son ambivalence, c'est enfin retrouver des sensations et des émotions que l'on pensait disparues. Car oui, le film émeut, énormément. En s'inspirant librement de l'affaire Fortin (qui avait kidnappé ses propres enfants pour vivre avec eux une vie nomade dans la campagne française), Jean Denizot nous raconte avant tout l'émancipation d'un adolescent, le rapport au père, aux femmes, à la sexualité.

 

Deux frères, deux visions du monde ?

 

GENERATION SACRIFIEE

Mais surtout, il parle d'errance, philosophique, pragmatique et affective, et de ce besoin que l'on éprouve tous à un moment ou un autre de se poser et de se retrouver. Une véritable quête initiatique enrichie de personnages pour une fois solides, faits de chair et d'affects, crédibles de bout en bout.

Qui dit personnages dit comédiens et, là encore, La Belle Vie surprend et ravit. Le jeune Zacharie Chasseriaud (que l'on a vu dans l'extraordinaire Les Géants de Bouli Lanners et que l'on retrouvera dans quelques semaines dans Aux yeux des vivants du duo Bustillo-Maury) crève l'écran et compose un personnage inoubliable. Il est épaulé par la lumineuse Solène Rigot, très crédible dans son rôle d'adolescente. Seule ombre au tableau, Nicolas Bouchaud interprète le père errant avec une inconstance dérangeante.

 

Fuir ou se fuir ?

 

Nous ne vous en dirons pas plus afin de ne pas déflorer La Belle Vie. Sachez néanmoins qu'il faudra vite vous déplacer pour lui donner une chance d'exister en salle, le film n'étant pas l'un des favoris dans la guerre des multiplexes. Petit budget (1 million d'euros), distributeur de taille modeste (en ce sens qu'il ne s'agit pas d'UGC ou de SND), La Belle Vie ne sera projeté que dans 3 cinémas à Paris (Reflet Medicis, Publicis, Cinéma des cinéastes).

 

 

 

 

Résumé

Un premier film de cette qualité, on n'en voit pas tous les jours. La Belle Vie est l'un des incontournables de cette semaine et ne pas aller le voir reviendrait à avouer que l'on n'aime pas le vrai cinéma. Chapeau bas, Mr Denizot.

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