Critique : 96 heures

Laurent Pécha | 23 avril 2014
Laurent Pécha | 23 avril 2014

Le polar, Frédéric Schoendoerffer, c'est son dada. Passionné par le genre (il possède une énorme collection de romans policiers), ayant consacré la quasi intégralité de sa (courte) filmographie à cet univers incroyablement varié, le cinéaste en explore justement aujourd'hui un nouvel angle avec le (quasi) huis clos. L'occasion de surprendre et de montrer à ses détracteurs qu'il possède un sacré registre filmique.

Depuis ses excellents débuts avec le remarquable Scènes de crime, Frédéric Schoendoerffer s'est fait le champion d'un cinéma à l'ancienne où le polar régnait encore en maître. Héritier d'un cinéma burné des 70's, le fils de Pierre (auquel il rend un discret mais joli hommage, 96 heures étant le premier film qu'il réalise depuis le décès de son illustre paternel) nous avait laissé sur un Switch assez prenant à défaut d'être complètement abouti. Il prend ici une sorte de chemin opposé du film course-poursuite précédent en optant pour un récit privilégiant le huis clos. S'appuyant sur une idée forte où les rôles sont inversés (c'est le truand qui enlève le commissaire pour lui faire subir une garde à vue musclée en espérant qu'il lâche le nom de celui qui l'a fait mettre en prison), Schoendoerffer joue la carte d'une sobriété bienvenue et axe, à juste titre, la force de sa narration sur une direction d'acteurs exemplaire.

Le duel Lanvin-Arestrup (flic-voyou) est d'autant plus intense que les deux comédiens, surtout le premier, sont d'une austérité à toute épreuve. Comprenant que rien ne vaut mieux qu'une gueule et des regards lourds de conséquences, ils nous embarquent dans une course contre la montre psychologique souvent intense. Usant à bon escient d'une musique omniprésente et pourtant jamais envahissante, mettant bien en valeur la cinégénique demeure servant de décor principal et (quasi) unique, le réalisateur de Truands, mène sa barque presque à bon port, échouant quelque peu à se dépêtrer d'un final tiré par les cheveux malgré des intentions non dénuées d'intérêt et de piquant. Qu'importe tant il est toujours plaisant de voir au fil des années un cinéaste se construire doucement mais sûrement une filmographie des plus cohérentes.            

 

En Bref : Si 96 heures ne convainc pas totalement, faute d'une conclusion trop grandiloquente, le nouveau polar de Schoendoerffer démontre les capacités de son auteur à apporter, une fois encore, une solide proposition à un genre bien trop sous-exploité au cinéma.

Résumé

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(2.5)

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Souké
06/04/2020 à 12:06

Je l'ai vu hier soir, j'ai rarement vu aussi nul dans le genre.

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