Critique : Diplomatie

Sandy Gillet | 4 mars 2014
Sandy Gillet | 4 mars 2014

Pièce à succès signée Cyril Gély, c'est tout naturellement que Diplomatie connaît aujourd'hui une adaptation sur grand écran. En guise de réalisateur on trouve l'allemand Volker Schlöndorff, auteur du Tambour, perle iconoclaste et Palme d'or en 1979 ex-æquo avec Apocalypse Now. Le cinéaste, alors chef de file du nouveau cinéma allemand (inspiré de la Nouvelle Vague française), est allé explorer de multiples terres d'accueil dont les États-Unis et la France pour un résultat jamais aussi probant mais souvent digne d'intérêt.

Ce qui semble l'avoir attiré avec Diplomatie est la possibilité de traiter à nouveau d'heures sombres et peu connues de l'Histoire, qui ont toujours parsemé sa filmographie. Diplomatie narre la rencontre entre le Consul suédois Raoul Nordling et le Général von Choltitz, alors Gouverneur du Grand Paris dans la nuit du 24 au 25 août 1944. En jeu, empêcher à tous prix que le général obéisse aux ordres d'Hitler de faire sauter la capitale. Unité de temps et de lieu, deux acteurs extraordinaires (André Dussollier et Niels Arestrup qui reprennent leurs rôles peaufiné dans la version théâtrale) et des dialogues aux cordeaux entretiennent un véritable suspense. Et c'est bien là toute la réussite du film, dont on connaît pourtant le dénouement historique. Tenir son auditoire en haleine tout du long. Une tension entretenue aussi par le flou historique sur lequel s'appuie l'entreprise, car si l'on sait que les deux hommes se sont rencontrés à plusieurs reprises et que Nordling a joué un rôle majeur dans la décision de von Choltitz de ne pas faire sauter Paris, on ne connaît en rien la teneur de leurs discussions. Quant à un rendez-vous nocturne au plus fort de la Libération de la capitale, il n'est que pure invention.

De tout ceci le film tire sa force, pour mieux nous plonger dans un récit dont les mystères font tout le cachet. Le seul véritable défaut de l'ensemble est peut-être de pâtir d'une mise en scène qui a du mal à s'extirper de ses origines théâtrales. Mais cette carence s'estompe bien volontiers au gré d'une œuvre qui fait montre d'une énergie passionnante et dont le ludisme immédiat rappelera aux plus vieux les meilleurs moments de feu l'émission Alain Decaux raconte. Diplomatie où l'Histoire en forme d'happening roublard et délicieusement intelllectuel.

 

En bref : Malgré sa mise en scène quelque peu théâtrale, Diplomatie emporte le morceau par son récit mélangeant vérités historiques et fantasmes dramaturgiques.

Résumé

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