Critique : Le Prince Nezha triomphe du roi dragon

Haut comme trois pommes, équipé d'un cerceau et d'un ruban magiques, un garçonnet de sang royal, le jeune Nezha du titre, entreprend d'affronter courageusement les Rois Dragons de chacun des quatre points cardinaux parce qu'ils font littéralement la pluie et le beau temps sans se soucier le moins du monde du genre humain, au point de le mettre en danger. Tout juste long de soixante minutes chrono, ce moyen-métrage d'animation made in RPC préparé à la fin des années 70 illustre en images et en musique ce fragment de la littérature chinoise sur le thème sempiternel de la lutte du Bien contre le Mal tout en, on peut le supposer, métaphorisant sur la fin du maoïsme, le Prince Nezha se substituant au régime chinois post Mao et les Quatre Dragons à la Bande des Quatre, ses principaux partisans idéologiques incarcérés à sa mort. Sans jamais convaincre, il faut en convenir. D'abord parce que, pour nous Occidentaux non-initiés à la culture haute en couleurs de l'Empire du Milieu, l'équipe technique a fait le choix d'une narration sommaire (pour ne pas dire enfantine) pour conter un récit traditionnel façonné d'une ribambelle de symboles et autres emblèmes difficilement observables et/ou compréhensibles qui auraient demandé, sinon, un cours magistral, du moins une introduction légère. Ensuite parce qu'artistiquement parlant, le compte n'y est pas : quelquefois approximative, souvent défaillante lorsqu'il s'agit d'insister sur les perspectives ou la profondeur de champ, rarement virtuose au moment des combats, artisanale dans le mauvais sens du terme, graphiquement trop simplette, l'animation est galvaudée par un récital synthétique pauvret et un doublage à la moulinette qui rappellent cruellement la japanimation diffusée la décennie suivante au club Dorothée. Un programme à réserver aux fouineurs ou aux inconditionnels, uniquement..