Critique : Philomena

Perrine Quennesson | 6 janvier 2014
Perrine Quennesson | 6 janvier 2014

On pourrait voir Philomena comme la suite non-officielle de Magdalene Sisters. Le film de 2002 de Peter Mullan s'intéressait aux couvents/prisons où étaient enfermées (jusqu'en 1996 !!!) de « mauvaises » jeunes femmes, souvent adolescentes, obligées d'y travailler façon esclave du XXème siècle. Leur tort ? Souvent, avoir commis le péché de la chair et être tombées enceintes sans être passées par la sacro-sainte case mariage.

C'est le cas de Philomena Lee. Dans les années 50, la demoiselle, tombée sous le charme d'un beau parleur, a été envoyée, par ses parents, dans le couvent de Roscrea en Irlande. En échange des « bons » services des nonnes, Philomena travaille en tant que blanchisseuse jusqu'à son accouchement. Mais l'enfant, qu'elle a élevé pendant ses toutes premières années lui est retiré pour être donné à l'adoption. 50 ans plus tard, la vieille dame décide de retrouver cet enfant qu'on lui a volé. Pour cela, elle va être aidé de Martin Sixsmith, un journaliste sur le retour, dépressif et snob, qui voit dans cette histoire une bonne façon de se refaire un nom.

Le film prend alors une tournure de road movie et d'enquête où notre « unlikely » duo s'évertue à remettre les pièces du puzzle ensemble. Et si cette histoire captive, elle n'est pas tant le fond du film qu'un prétexte pour Stephen Frears et Steve Coogan (co-scénatiste). Car Philomena est avant tout un film sur le pardon mais aussi un long-métrage social qui traite, à la fois d'une Irlande à deux vitesses, de l'étrange rapport de ce pays à son Eglise catholique et même de la difficulté des Etats-Unis à traiter avec la crise du Sida dans les années 80. En plus d'un humour fin qui joue sur l'improbabilité du tandem, une vieille bigote fan de littérature romanesque d'un côté et un journaliste athée et sarcastique de l'autre, le film parvient à nous atteindre par son absence totale de second degré. En effet, Philomena est un film sans arrière-pensée, ni ironie et qui parvient, malgré un sujet « violon/guimauve », à ne jamais sombrer lâchement dans le tire-larme facile mais, au contraire, à déployer des trésors d'intelligence et de compassion, bien éloigné du cynisme ambiant.

Et si Steve Coogan fait preuve d'une sobriété bienvenue, c'est Judi Dench, plus habituée aux rôles de femmes en costumes 3 pièces ou très actives, qui épate. En incarnant cette vieille femme blessée dont la capacité à pardonner force le respect, elle interprète peut-être son meilleur rôle.

Résumé

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