Lucy : critique avec temps de cerveau disponible

Stéphane Argentin | 10 août 2014 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Stéphane Argentin | 10 août 2014 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Quelques mois après la douche froide Malavita, adaptation du très bon roman de Tonino Benacquista en forme d'hommage complètement raté à tout un pan de la filmographie mafioso-scorsesienne de De Niro, Luc Besson était de retour avec Scarlett Johansson et un « scénario » de son propre cru : Lucy. Le mogul de l'entertainment cinématographique hexagonal est-il parvenu à redresser la barre ?

ESPRIT, ES-TU LÀ

Coupons court à tout suspense : Lucy est moins pire que Malavita, mais n'en demeure pas moins raté. Pourtant, la mise en place des enjeux et du personnage-titre (Lucy donc) donne même lieu à une scène assez réussie (la seule du film ?) et touchante lorsque l'héroïne appelle sa mère pour la remercier de tout l'amour qu'elle lui a consacré. Et ensuite ? Et bien ensuite, plus rien. Comme on le dit dans ce genre de situation : on s'ennuie poliment. Et pourtant, le film ne dure que 90 minutes !

À tout ceux qui s'attendent à un truc qui tabasse, prenez bien en compte les propos du cinéaste qui déclarait que « son challenge était de savoir si on peut mettre dans un même film de l'action et de la philosophie ». À cette interrogation du réalisateur, on lui répondra que : oui, on peut (au hasard, parmi les exemples récents « réussis », on pourra citer Matrix). Mais que dans le cas de Lucy, l'une comme l'autre des deux facettes du film sont ratées.

 

Photo Scarlett JohanssonScarlett Johansson

 

THE CRI OF LIFE

En ce qui concerne le pendant philosophique, tout juste a-t-on droit à un cours sur l'Histoire de l'univers et l'évolution de l'Homme pour les cancres du fond de la classe. Et dire que Besson se permet le luxe de reprendre des images de joyaux comme Le Syndrome du Titanic, Home (le doc de Yann Arthus-Bertrand produit par Besson), Baraka et Samsara. Un conseil : (re)voyez plutôt les œuvres en question, ou le premier docu de BBC venu, c'est mieux fichu et plus instructif.

Sur les trois/quatre scènes d'action que comporte en tout et pour tout le film, aucune ne décolle vraiment car toutes sont mollassonnes et très mal foutues. Un comble quand même pour celui qui, dans les 90s, nous offrait des gunfights dantesques dans Nikita et Léon ou encore des séquences qui pétaient de partout dans Le Cinquième élément !

 

Photo  Scarlett JohanssonL'action tiède

 

Nous assistons là à un véritable gâchis de talents dès lors que les cadors hexagonaux en la matière officient sur le film : Julienne (fils de Rémy) aux bagnoles, Figlarz aux combats ! Sans parler d'Arbogast à la photographie ou encore ILM aux effets numériques (la boite d'effets spéciaux de George Lucas, excusez du peu !).

« Mon film pose tout simplement la question : on fait quoi quand on est Dieu ? » déclarait Besson à propos de Lucy. Et bien, à l'image de Lucas, quand on a de si grands pouvoirs sur le Septième Art, de grandes responsabilités en découlent. Et on veille à ne pas faire trop de conneries avec...

 

Affiche officielle

Résumé

Lucy ou une tentative de divertissement d'action/SF des origines et de l'avenir de l'Homme aussi mollassonne côté cinématographique que ratée côté philosophique.

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commentaires
aqualan
01/04/2019 à 01:24

des poursuites auto dignes de Navarro mdr

diez
30/07/2015 à 14:51

Après un premier visionnage ciné mitigé, mais plus qu'intéressant, voici venu le temps, grâce à cette nouvelle tentative, d'enfin savoir si Lucy est un bon film ou non. De mémoire il était loin d'être terminé abordant ses thématiques que brièvement sans jamais en extraire toute sa substance. Mais c'était aussi un long métrage captivant par sa façon de mettre en action de nombreuses théories sur le cerveau humain, son rapport au temps et à l'univers.

Il se trouve qu'aujourd'hui malgré quelques défauts, Lucy est un bon film. Captivant, entraînant et osons le dire parfois réflectif. Cette mise en parallèle de la naissance de ce super cerveau avec la conférence du professeur permet à l'oeuvre de crédibiliser son propos d'entrée en même temps que de lui offrir un rythme soutenu.

Lucy n'est pas un film réaliste, mais Luc Besson tente à sa manière d'exposer de nombreuses théories sans jamais prétendre détenir une quelconque vérité comme certains aiment à le penser. Son cinéma reste du pur divertissement, mais cette fois-ci la sauce est tout simplement différente. Comme le gamin qu'il était, le réalisateur met de tout dans son dernier né, force est de constater que le mélange est plutôt bien dosé pour aboutir à un long métrage détente sous acide avec plus de substance qu'à l'accoutumé.

Petit à petit Lucy se transforme, elle prend conscience de son corps, de la matière et de l'univers. Le compte à rebours est lancé, le personnage est destiné à mourir, sa quête devient alors psychique et existentielle. Nous, êtres humains qu'avons nous fait de la vie qui nous a été donné ? Faut-il repartir de zéro, changer de physolophie pour changer les choses ? Comment transmettre la connaissance, quelles connaissances transmettre ? Autant d'interrogations qui travailleront l'esprit de Lucy à la découverte de ses capacités éphémères pour sauver un monde à la dérive.

Encore Oui! Lucy est un bon film. S'il y a une chose impossible à reprocher à Luc Besson, c'est sa mise en scène galvanisée lors des scènes d'action. Eric Serra de retour lui écrit une bande originale qui trouvera son point d'orgue lors de ce final électrique. Scarlett Johansson compose une héroïne tout à fait crédible et investie et Choi Min Sik un méchant cabotin réussit.

Lucy est un court voyage, mais finalement pertinent. Le personnage n'a que quelques heures pour transmettre au monde les réponses qui lui permettront d'évoluer. Le récit n'a de cesse de le rappeler. Ce qui lui était reproché c'était de ne pas exploiter suffisemment le potentiel du cerveau surdéveloppé du personnage. Mais là encore c'est cette notion de compte à rebours qui importe et fait prendre le choix à Lucy d'aller droit au but. Pas le temps de se donner en spectacle, sa mort est imminente. Le destin offre au monde une porte vers la marche à suivre, à cette entité de saisir cette mince opportunité.

Mine de rien Luc Besson a réussi à retenir toute mon attention avec son évolution métaphysique des choses, cette constante envie de soulever des questions plus que délicates. Le long métrage manque de développement par moment et quelques incohérences parsèment le récit, pourtant l'essentiel est fait. La réflexion est lancée, le film s'achève dans une envie d'en savoir plus.

Je suis conscient qu'on va me prendre pour un allumé après cette critique élogieuse (bon film, mais pas chef d'oeuvre), mais j'assume totalement mon propos. Et puis ce n'est que justice, après avoir défoncé son vomitif Malavita et autres productions action made in Europa, quand on aime on ne compte pas...

Paflechien
16/03/2015 à 08:05

Une idée de base intéressante et 1h25 de vide

Luc Blessons
31/12/2014 à 11:12

Tout d'abord, la référence à Matrix comme oeuvre ultime mélangeant habilement philosophie et action fait doucement sourire (ou hurler, c'est selon). Et Blade Runner, c'est pour qui ? Il faudrait peut-être revoir vos classiques chez EL.

Matrix, Lucy : même combat. C'est de la soupe indigeste, du pré-mâché pour un public d'adolescents que leurs auteurs méprisent au plus au point tant ils estiment qu'ils ne sont rien d'autre que des neuneus bouffeurs de popcorns.

Mais où est passé le réalisateur visionnaire du "Dernier Combat" ? L'habile faiseur de "Nikita" ? Depuis le Cinquième Elément, Besson souffre d'une flémardite aigüe qui touche principalement l'inspiration, l'originalité et l'audace. Et cela ne fait que s'empirer.

La mise en scène, si l'on ose l'appeler ainsi, se contente d'enchaîner plans de situation et gros plans avec la subtilité d'un cachalot. La nouveauté ici : l'utilisation de banques d'images type "National Geographic", au cas où, comme on est trop bête qu'on comprendrait pas de quoi ça parle vraiment, en fait.

La lumière et d'une laideur inouie (Arbogast où es-tu ?). La musique : une vieille resucée de partitions abandonnées d'Eric Serra (où es-tu également ?)

Les personnages : vides comme le trou noir. Lucy est une caricature des propres personnages féminins déjà caricaturaux chez le réalisateur : ⅓ un peu prostituée, ⅓ femme-enfant, ⅓ flingueuse. En gros, elle s'habille bien sexy, elle pleurniche auprès de Maman, et elle défouraille quand il faut. La femme idéale, quoi... selon Besson.

Le méchant est une pâle copie de Gary Oldman dans Léon. La police française : olwayze wiz eu frainche axcente, off coursse. Et Morgan Freeman : qu'est-il parti faire dans cette galère (payer ses impôts peut-être…).

Il s'agit tout simplement d'un nanar dans la plus pure tradition, sauf qu'au regard du budget colossal et de l'équipe (réalisateur / casting), on était en droit d'attendre un minimum syndical qu'il n'y a même pas ici.

Mais l'immense succès du film ne saurait pas freiner les ardeurs d'Europa Corp. qui devrait en toute logique rapidement mettre un numéro 2, puis numéro 3 en chantier. Histoire de vraiment bien nous cracher à la figure.

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