Critique : Une chanson pour ma mère

Sandy Gillet | 26 mars 2013
Sandy Gillet | 26 mars 2013

L'écueil que l'on rencontre souvent quand on découvre un premier long est cette propension finalement assez naturelle pour son réal à vouloir tout donner au risque de mettre en péril ses films suivants qui peuvent alors ne pas être à la hauteur des espoirs suscités. La fougue du débutant en quelque sorte qui vide d'entrée les accus et dont on peut avoir du mal à s'en remettre tout court. À l'inverse, l'autre constat que l'on peut faire est le film un peu le cul entre deux chaises soit parce que l'homme derrière la caméra en garde sous la semelle brouillant alors quelque peu les pistes, soit que le bougre a déjà du mal à exprimer autre chose qu'une médiocrité latente qui va le poursuivre toute sa filmo durant, si toutefois il en a une. Une chanson pour ma mère souffre de cette typologie sans que pour autant il faille déjà avoir un avis définitif quant à Joël Franka dont on attendra un deuxième, voire un troisième long pour se prononcer un tantinet sur son cas. Mais bon il y a certaines pistes qui ne trompent pas.

Le fait par exemple de choisir une comédie douce amère n'aide pas trop tant le « genre » devient un choix quasi obligatoire pour tout réal qui veut se lancer. Ça plus se doter d'un cast qui tienne la route au risque de se fermer les portes des télés. Bref se donner cette patine consensuelle qui permettra justement à cette première expérience de cinéma de ne pas être la dernière. Joël Franka a bien assimilé tout cela. Homme de télé (il est le monteur de l'émission phare Rendez-vous en terre inconnue), il connaît donc déjà certains rouages et a pu co-écrire son scénario en tenant compte de ce « savoir » qu'il exprime dans Une chanson pour ma mère par la sobriété des effets de comédie et la sincérité des passages plus dramatiques. Aussi, il ne faut pas compter sur une histoire monstrueuse d'inventivité : une fratrie aux éléments désunis se retrouve au chevet de leur mère qui n'en n'a plus que pour quelques jours. Grande fan devant l'éternel du chanteur Dave, ils se mettent en tête de le faire venir de gré puis de force pour qu'il lui écrive et chante une chanson rien que pour elle. Autant rentrer dans la salle sans connaître le pitch. Le contraire exposerait l'écervelé (et lecteur de ce papier) à s'ennuyer ferme dès la deuxième bobine avec pour seule bouée de secours des acteurs qui font mieux que faire le job bien conscients des limites de l'entreprise. Dave, quant à lui, semble tout simplement heureux de participer à cette aventure et s'en donne à cœur joie tout en s'octroyant avec Michèle Moretti (la maman) la plus belle scène du film.

Il est donc évident qu'Une chanson pour ma mère navigue à vu tout du long alors même que sa trame est d'une rare prévisibilité. Il faut dire aussi que la mise en scène n'a rien de très remarquable (au sens littéral du terme). D'aucuns diront que c'est pour mieux mettre en valeur le jeu des acteurs. Soit. Mais là on frise tout de même le néant ou la prod télévisuelle standard. C'est pareil de toute façon. Après il faut aussi savoir où l'on met les pieds en décidant d'aller voir cette distribution locale estampillée Disney et produit par Bonne pioche, un compagnon fidèle depuis La marche de l'empereur en 2005. Il n'y a pas ici volonté de révolutionner le monde ni même le cinéma, juste de permettre à un réalisateur belge de faire ses premiers pas derrière la caméra et de faire montre de qualités certes toutes relatives mais bien réelles. À charge pour lui de passer la deuxième avec conviction et passion très rapidement.

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