Dans l'ombre de Mary : Critique

Maryne Baillon | 4 mars 2014
Maryne Baillon | 4 mars 2014

L'adaptation d'une œuvre littéraire pour le cinéma cache parfois des conflits interminables en amont pour en obtenir les droits. C'est ce que démontre Dans l'ombre de Mary à travers l'histoire étonnante et méconnue de la genèse du film Mary Poppins. Comme souvent dans l'univers extravagant et fantaisiste de Disney, le film ne réussit pas à faire dans la demie-mesure, mais apparaît malgré tout plus profond qu'il ne le laissait présager.

Tout est parti d'une promesse faite à ses deux filles, qui voulaient voir Mary Poppins adapté au cinéma. Soucieux d'exaucer leur vœu, Walt Disney songe depuis ce jour à faire de leur livre préféré une œuvre inoubliable du septième art. À partir de là, Dans l'ombre de Mary laissait au premier abord un peu sceptique, laissantcraindre un film pro-disney à la gloire du légendaire grand patron. Pour autant nos craintes disparaissent à mesure que le personnage de Pamela Travers, l'auteur du livre, se dessine sous les traits de la remarquable Emma Thompson. Présentée dès le premier plan, visage fermé, regard froid, démarche rigide, on comprend tout le mal qu'aura ce joyeux luron de Walt à combler le désir de ses deux angelots. Bien décidée à ne pas laisser cette « machine hollywodienne » malmener son œuvre, elle sera malgré tout résignée, par manque d'argent, à passer les portes des légendaires studios Disney.

 



La complexité inattendue des personnages joue beaucoup dans l'intérêt du film et l'équilibre entre propos sérieux et traitement « bon enfant ». D'un côté, la carapace dont Pamela Travers n'arrive pas à se défaire et montre qu'une œuvre personnelle peut cacher de réelles blessures et qu'il est, de ce fait, difficile de l'abandonner à quelqu'un d'autre. De l'autre, Walt Disney, attaché à sa propre perception des personnages et de l'histoire se montre égoïste et obsessionnel face à la difficulté d'obtenir ce qu'il veut. Ce face-à-face met en avant les aléas de la création et la sensibilité de ceux qui y participent, ce qui s'avère être un traitement passionnant et inattendu de la part de Disney. Néanmoins, on regrette les multiples flash back dans l'enfance de Pamela Travers, fruit d'un montage alterné parfois grossier entre le présent et le passé, qui s'égarent trop souvent dans le mélo. Devant la profondeur et la lucidité de son discours, le film méritait une mise en scène moins convenue et plus ambitieuse.

 

Résumé

Un récit intelligent où la réalisation de John Lee Hancock est bien moins impressionnante que les compositions de ses deux acteurs, Emma Thompson et Tom Hanks.

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