Critique : Mobile Home

Sandy Gillet | 29 août 2012
Sandy Gillet | 29 août 2012

C'est l'histoire de deux potes qui se retrouvent après s'être perdus de vue quelques années. Ils ont la trentaine. L'un est resté dans le village natal niché dans les Ardennes belges un peu par flemme, un peu par manque de perspectives mais surtout pour rester avec son père malade qui n'a plus que lui dans la vie. L'autre revient passer l'été chez ses parents après avoir rompu avec sa copine. Le plaisir de faire les cons façon revival « les années lycées » laisse très vite place à une sorte de spleen du temps qui passe et du constat que le train de la vie semble être parti sans eux. Pour y remédier, rien de mieux que de s'acheter un mobil home capable de rompre avec cet immobilisme psychologique et de panser (un peu) les plaies d'une jeunesse déjà évaporée.

Et François Pirot dont c'est ici le premier long de cinéma, de prendre à contre-pied le genre du road movie pour faire de Mobile Home un film minéral où le voyage ne s'envisage que dans l'imagination des protagonistes et des spectateurs. Pari ambitieux à moitié tenu. C'est qu'il est compliqué de maintenir l'attention et la tension d'une histoire au-delà de son concept de départ. Certes, les personnages sont assez bien taillés car ingénieusement servis par deux interprètes très impliqués (Arthur Dupont et Guillaume Gouix) qui mine de rien s'affirment sans ciller dans le paysage cinématographique français. Certes, François Pirot s'adjuge quelques séquences qui frisent avec un équilibre parfait relevant d'une sensibilité toute personnelle bienvenue (on pense à la lecture de Max et les Maximonstres par une maman célibataire pour endormir son fiston que l'un de nos deux protagonistes boit comme une bouffée d'enfance retrouvée et trop vite perdue).

Mais à côté de cela, cette comédie douce-amère manque de rythme et de liant. L'histoire du surplace annoncée devient aussi l'apanage d'un récit qui a du mal à trouver un second souffle au bout d'une heure de film. Une impasse scénaristique symbolisée par une fin volontairement ouverte qui ne satisfera personne. Comme si le réalisateur avait du mal à aller plus loin que la simple esquisse d'événements largement autobiographiques. La langueur à la campagne peut-être une belle idée de cinéma (Les Petits ruisseaux de Rabaté en est le parfait exemple) quand celle-ci s'impose comme un véritable personnage et non comme un alibi de scénario forcément bancal propre à laisser un film exsangue. Mobile Home n'est pourtant pas un film à l'agonie, mais il faudra faire montre de plus de déterminisme et d'idées directrices à l'avenir pour que nous n'ayons plus à portée de mains une télécommande virtuelle qui permet à notre cerveau de vagabonder à la demande d'un hémisphère à l'autre en attendant que cela se passe.

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