L'Extravagant voyage du jeune et prodigieux Spivet : critique désenchantée
Après Alien, la résurrection en 1997, et après avoir tenté en vain de mener L'Odyssée de Pi, Jean-Pierre Jeunet revenait aux Etats-Unis pour L'Extravagant Voyage du jeune et prodigieux T. S. Spivet, adapté du livre de Reif Larsen, avec notamment Kyle Catlett, Helena Bonham Carter et Judy Davis. Une belle idée sur le papier, pour un résultat en demi-teinte.
JEUNET, LA RÉSURRECTION (OU PAS)
Aujourd'hui, Jean-Pierre Jeunet, c'est un peu comme Michel Gondry : l'assurance d'un imaginaire riche et populaire, malheureusement ceinturé par une folie trop contrôlée. Une marque de fabrique efficace, identifiable au premier coup d'œil, mais une imagerie devenue un peu toc avec les années, voire désespérément vide de la moindre émotion et profondeur dans les pires cas. Et ce n'est pas L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet qui va changer la donne.
Pourtant, sur le papier, tous les ingrédients étaient réunis pour que l'expérience Jeunet soit là, et que le spectateur vive une aventure incroyable. Il y a ainsi un héros-référent haut comme trois pommes, plein de bonne volonté, érudit comme c'est pas permis mais traumatisé par un drame dont il se sent responsable. Il est dans une famille décalée, en marge de la société, vivant sur elle-même dans une vision fantasmée de l'Amérique rurale où chacun nourrit quotidiennement ses petites obsessions pour supporter la perte d'un être cher. Et surtout, il va vivre un voyage forcément initiatique et rédempteur, à la manière de l'extraordinaire Une histoire vraie de David Lynch. Malheureusement, la mayonnaise ne prend jamais.
LA FABULEUSE NIAISERIE DE JP JEUNET
Ce n'est pas la faute de la technique : tour à tour discrète et tape à l'œil, la 3D est globalement réussie. La photographie est magnifique, donnant une certaine ampleur aux nombreux décors naturels canadiens, tandis que la mise en scène est à l'avenant, Jeunet n'étant pas un débutant dans le domaine. Sauf que les tics formels du co-réalisateur de Delicatessen et La Cité des enfants perdus, propulsé par le phénomène Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain, commencent sérieusement à lasser. Cette approche créé même une distance qui frôle parfois le cynisme ici.
Dans le monde, il y a nous les gentils, et eux les méchants
Volonté de présenter un monde en majorité bienveillant et accueillant, mièvrerie omniprésente qui condamne même les passages les plus décalés, discours moralisateur et politiquement correct potentiellement écœurant : cet Extravagant Voyage donne vite la sensation d'un bonbon acidulé qu'on aurait gardé trop longtemps en bouche.
Entre la scène où T.S. Spivet se retrouve dans un vieux wagon avec une espèce de Captain Igloo rance et sale (incarné par un très bon Dominique Pinon) puis dans la cabine d'un routier qui prend tous ses passagers en photo lorsqu'ils sont assoupis, et l'horipilante dernière partie où les gens profondéments bons sont confrontés à des affreux méchants intéressés par la gloire et l'argent, Jeunet fatigue. Malgré le côté fable évidemment assumé, la magie ne prend pas, et le film semble avoir dépassé sa date de péremption.
Dominique Pinon, contractuellement présent dans tout film de Jeunet
Mais ce qui étonne le plus au fond, c'est à quel point le cinéaste passe à côté de son sujet, pourtant servi sur un plateau. La culpabilité du gamin n'est jamais qu'un « truc » traité à l'emporte-pièce, alors qu'il devrait être le cœur de l'histoire et conditionner son voyage du début à la fin. En refusant de se confronter sérieusement au versant le plus sombre du personnage et de son trauma, Jeunet n'arrive logiquement pas à les rendre crédibles. David Lynch ne s'y était pas trompé dans Une histoire vraie, Rob Reiner en avait fait le moteur de Stand by me, mais Jean-Pierre Jeunet a raté le coche.
Lecteurs
(2.7)08/10/2020 à 10:00
Joli film émouvant. Quand vous faites une critique vérifiez au moins votre orthographe
07/10/2020 à 11:00
Je n'ai rien contre les films mièvres et gentils -a petite dose quand même.
Ce qui est dommage avec ce film est d'avoir sélectionné un matériel de base ambigu pour en enlever tout l'intérêt. Dans le roman la question peut se poser de savoir si TS n'est pas assassiné par le vagabond fou (remplacé par un flic dans le film) ce qui fait de la deuxième partie un fantasme d'enfant en train de mourir et qui cherche a "solder" ses problèmes avant de sombrer. On est plus proche de Dead Man que du resultat de Jeunet.
07/10/2020 à 10:00
Critique trop dure, j'ai regardé ce film avec beaucoup de plaisir, pourquoi refuser un peu de douceur. Les images, les couleurs, le rythme m'a fait du bien. L'histoire se laisse regarder également avec plaisir. Un cinéma serein à goûter sans modération. Que chacun se fasse son idée.
07/10/2020 à 09:43
Oh je vous trouve dur. Je l'ai vu en bluray et j'ai trouvé cela mignon. C'est vrai que c'est sirupeux et mielleux mais j'ai passé un bon moment. Je lui aurait mis 2.5 ou 3/5 me concernant.
Sinon, je l'aurais plus vu sur France 2 ou M6 haha
07/10/2020 à 09:04
@Carobelo 72
La ménagère a parlée ^^
06/10/2020 à 22:46
Très jolie film que même mon fils de 9 ans a enfin pu regarder. Une belle morale et surtout de magnifiques paysages. Ça change des films où sang et sexe prime sur l'histoire...