Critique : La Traversée

Laurent Pécha | 31 octobre 2012
Laurent Pécha | 31 octobre 2012

Avec sa trame qui fait écho au roman de Guillaume Musso, Parce que je t'aime, La traversée fait plus qu'honneur à son titre tant le spectateur va devoir pour arriver à bon port signer inconsciemment un pacte de confiance avec les auteurs du film. C'est souvent le lot de ces thrillers où la couche de mystère ne cesse de s'épaissir au fil des minutes, laissant de nombreuses interrogations et bizarreries remettre en question l'adhésion du public. C'est d'autant plus complexe et difficile ici que de l'auteur du film, Jérôme Cornuau (Bouge !, Folle d'elle, Les Brigades du tigre, soit un pedigree effrayant) à Michaël Youn en mode dramatique quasi inédit (celui d'un père dépressif et inconsolable d'une fillette disparue) en passant par une Fanny Valette au look (blonde platine) et personnage (star du rock international névrosée) improbables, rien ne prête en apparence à l'enthousiasme.

Pourtant, dès les premières images (un plan de dos de Youn qui permet de rentrer intimement dans l'histoire), cette fameuse confiance s'installe doucement avec l'impression, qui ne cessera d'ailleurs de s'affirmer, qu'il y a bien un réalisateur à la barre. Et La Traversée de proposer au fil des minutes de jolies séquences de cinéma où l'onirisme acquiert une place prépondérante, offrant des allures d'étrange film fantastique à l'ensemble. Soignant ses cadres, utilisant à bon escient sa bande originale, profitant pleinement des magnifiques décors naturels de son île écossaise, Cornuau déroule cette intrigue de disparation-réapparition enfantine avec brio.

Tout est question d'équilibre et de dosage et pour ce faire, le cinéaste s'est offert d'excellents compagnons de jeu. Si Emilie Dequenne en impose lors de sa (brève) présence en ouverture et conclusion du film et si Michael Youn redouble d'efforts pour que l'on éprouve une réelle empathie envers ce père brisé mais déterminé à comprendre ce qui est arrivé à sa fille, c'est Fanny Valette qui impressionne le plus. Par la nature même de son rôle, tout concourt à penser que c'est par elle que le mystère prendra fin, la comédienne captive l'attention. Mais, loin d'être un simple accélérateur d'intrigue, l'actrice, à fleur de peau, parvient à créer un personnage complexe dont le mal-être s'avère extrêmement touchant. Bien trop rare sur les écrans de cinéma (Vertige remonte à 2009), elle rappelle joliment ici à quel point cela est regrettable.

Malgré quelques plans finaux superflus et même maladroits (on préféra retenir comme fin véritable, la séquence levant enfin le voile sur l'histoire), La Traversée s'avère une bonne petite surprise dans un univers, le thriller à tiroirs, que le cinéma français n'aborde que trop rarement. Alors, embarquement immédiat ce mercredi ?

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