Critique : Jitters

Laure Beaudonnet | 18 juin 2012
Laure Beaudonnet | 18 juin 2012

Difficile de pondre un drame sur l'adolescence sans donner l'impression de servir un énième Skins, la série britannique terriblement réussie. Avec sa myriade de personnages et ses six saisons, elle a cerné l'ensemble des problématiques de cet âge à l'équilibre ténu, où chaque épreuve est un appel au suicide. Et Jitters ne déroge pas à la règle, marchant sagement sur les traces de cet excellent teen drama. A travers le prisme de Gabriel, tout juste rentré d'un séjour en Angleterre où il a fait la rencontre inattendue de Markus, un bel éphèbe au mœurs légères, le film brosse le portrait d'un groupe de lycéens islandais, leurs soirées alcoolisées, leurs difficultés du quotidien et surtout la découverte de soi.

Gabriel est troublé par ses désirs, réalisant peu à peu la teneur de ses sentiments pour Markus, après un premier baiser échangé sous influence. La question du genre et des appétences fait office de fer de lance de cette fiction dont l'éveil de l'agressivité propre à la puberté reste bien gentillet à côté d'un Fucking Amal, de Lukas Moodysson. Si Jitters ne sort pas des chemins balisés du genre, il offre des personnages attendrissants qui renvoient, chacun, à un aspect de cette charnière : l'homosexualité, le suicide, la recherche du père, la révolte. Mais l'exhaustivité du film est aussi sa faiblesse, le contraignant souvent à survoler des thèmes violents. On aurait aimé en savoir davantage sur la plupart des personnages secondaires, le deuil de Stella, notamment. Impossible de traiter l'ensemble des carences d'une jeunesse troublée en quatre vingt dix minutes, malheureusement. L'opus fait naître du même coup une sensation d'interchangeabilité de ses protagonistes, n'ayant pas eu le temps de laisser s'épanouir les différentes strates de sa narration.

Pour autant, l'immersion dans la brutalité de cet univers candide est assez réjouissante. Gabriel, porté par le tendre Atli Oskar Fjalarsson, parsème l'opus d'une belle douceur. Il ouvre l'accès à cette étape décisive, si ce n'est traumatique, où l'enfant met le doigt sur sa propre marginalité. Car, encore au XXIe siècle, il reste bien difficile de ne pas suivre la norme en s'avouant son homosexualité. Sans jamais révolutionner le genre, Jitters est juste. Il réaffirme l'universalité de la désolation de cet âge de transition. 

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Mariam
08/05/2019 à 05:28

You Need Better Videos to Attract and Engage Your Visitors...
and Stop Them from Leaving

Wouldn't it be nice to know that after you join the our stock video membership club, the renewal will be $0.00...

Forever? Each and every month you'll save on your stock video fees.

Priced under 1¢ per video. Guaranteed money in the bank every month -----> http://bit.ly/2DTLULe

votre commentaire