Critique : No

Stéphane Argentin | 27 mai 2012
Stéphane Argentin | 27 mai 2012

Difficile, en cette année 2012, de ne pas faire le parallèle entre la présence de No à la Quinzaine des Réalisateurs et les élections présidentielles françaises. Difficile également de ne pas faire le lien entre le Grand Prix décerné au film au sein de cette section parallèle du Festival de Cannes et la victoire du candidat socialiste dont l'idée maitresse était la fin des inégalités et des privilèges sociaux.

Long-métrage chilien, No relate les campagnes du « Oui » et du « Non » (« Si » et « No » en espagnol) qui précédèrent le référendum survenu au Chili en 1988 et qui marqua les débuts de l'effondrement de la dictature du Général Pinochet lorsque le « Non » l'emporta avec 56%. Comme toujours avec pareille fiction inspirée de faits réels, inscrits dans l'Histoire de surcroit, le but n'est pas tant le résultat final, déjà connu de tous, que l'art et la manière d'y parvenir et, par extension, de maintenir l'intérêt jusqu'à celui-ci. En la matière, No vise plutôt juste, dénonçant tous les agissements peu reluisants de cet ancien régime dictatorial (enlèvements, désinformations, intimidations...) au travers d'une campagne délétère et vindicative dont le seul et unique but consista à tourner en dérision son adversaire.

Difficile à nouveau de ne peut pas voir le parallèle avec le véritable combat de coqs que se livrèrent les deux finalistes à la fonction suprême de l'État français. Et si la forme prise (une photographie à la qualité volontairement « appauvrie » pour permettre une meilleure cohésion visuelle lors des insertions des archives vidéo d'époque), le fond quant à lui finit par tourner un peu en rond, laissant le spectateur assister cycliquement aux spots vidéo du « Oui » et du « Non » ainsi qu'à différentes manifestations et autres scènes d'intimidations. Afin d'amoindrir de telles répétions, sans doute eut-il été judicieux de raccourcir le tout, le film affichant une durée plus que correcte de deux heures. Certes, beaucoup moins que le débat de l'entre deux tours de la campagne présidentielle française mais tout de même.

Mais ce sont sans doute tous ces parallèles entre le film et l'actualité politique pré-cannoise au sein de l'Hexagone, par ailleurs très suivie à l'international, qui font que No se soit vu remettre ledit Grand Prix de la Quinzaine des Réalisateurs quelques jours après une grande et belle standing ovation à l'issue de sa projection officielle. À défaut d'être totalement méritée (d'autres longs-métrages beaucoup plus réussis cinématographiquement parlant étaient présents dans cette section, ne serait-ce que le magnifique Enfance clandestine), de tels éloges ne sont finalement que le résultat logique d'un long-métrage qui aurait tout aussi bien pu s'intituler « Le changement, c'est maintenant ».

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