Critique : Mekong Hotel
À la manière hybride et faussement complexe de certaines œuvres contemporaines, le dernier bébé de Apichatpong Weerasethakul n'a strictement rien à offrir au cerveau du spectateur. Que penser de cette demie douzaine d'individus occupés à discuter sans souci de cohérence, devant un fleuve, s'éventrant de temps à autre (oui oui vous avez bien lu, du verbe s'éventrer), quand ils n'admirent pas la danse des jets skis à l'horizon ? En l'état, rien. Il nous manque une notice, une note d'intention, qui détiendrait la clef de ce que l'on a bien du mal à rattacher au cinéma. Et si une perceuse n'est rien sans son mode d'emploi, il en va tout autrement d'une œuvre d'art.
Reste une double interrogation : que se passe-t-il sous le crâne du réalisateur lorsqu'il décide de soumettre cet objet à un festival aussi important que Cannes, et quelles mystérieuses connexions se mettent en branle dans le cerveau des sélectionneurs, découvrant avec effroi le travail d'un des derniers palmés ? Il paraît que les voies des seigneurs sont impénétrables...
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(4.5)