Critique : Mekong Hotel

Simon Riaux | 17 mai 2012
Simon Riaux | 17 mai 2012
Ce qu'il y a de terriblement frustrant avec ce Mekong Hotel, c'est que tout nullissime qu'il soit, sa brièveté et la maigreur de sa charpente interdisent au critique facétieux de lâcher les rennes du fiel intellectuel qui mijote toujours dans un coin de son cerveau masochiste. Il serait bien difficile d'attaquer la mise en scène (inexistante) les dialogues (en grandes partie improvisés, le plus souvent totalement abscons) ou les personnages (un bien grand mot), puisque chacun de ces éléments est ici réduit à sa plus abstraite expression.

À la manière hybride et faussement complexe de certaines œuvres contemporaines, le dernier bébé de Apichatpong Weerasethakul n'a strictement rien à offrir au cerveau du spectateur. Que penser de cette demie douzaine d'individus occupés à discuter sans souci de cohérence, devant un fleuve, s'éventrant de temps à autre (oui oui vous avez bien lu, du verbe s'éventrer), quand ils n'admirent pas la danse des jets skis à l'horizon ? En l'état, rien. Il nous manque une notice, une note d'intention, qui détiendrait la clef de ce que l'on a bien du mal à rattacher au cinéma. Et si une perceuse n'est rien sans son mode d'emploi, il en va tout autrement d'une œuvre d'art.

Reste une double interrogation : que se passe-t-il sous le crâne du réalisateur lorsqu'il décide de soumettre cet objet à un festival aussi important que Cannes, et quelles mystérieuses connexions se mettent en branle dans le cerveau des sélectionneurs, découvrant avec effroi le travail d'un des derniers palmés ? Il paraît que les voies des seigneurs sont impénétrables...

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