Critique : Polluting Paradise

Stéphane Argentin | 17 mai 2012
Stéphane Argentin | 17 mai 2012

Après Surdose - The Big fix l'an dernier, le doc environnemental du Festival de Cannes 2012 a pour nom Polluting Paradise qui se focalise sur Çamburnu, petit village côtier de la Mer Noire situé au nord-est de la Turquie d'où sont originaires les grands-parents du réalisateur Fatih Akin et où les habitants vivent de la pêche et de la culture du thé. Une harmonie avec Dame Nature complètement chamboulée depuis 2006, date à laquelle une gigantesque décharge à ciel ouvert est venue jouxtée la petite communauté. 

Dès les premières images, on sent le cinéaste très attaché à ses racines, filmant ce petit coin de paradis et ses habitants qui entendent bien se battre pour préserver leur cadre de vie jadis si paisible en alternant les plans larges sur les paysages côtiers et les plans rapprochés sur les villageois dans leur quotidien (au travail ou en train de chanter et danser). Ceci afin de mieux contraster avec les dégâts engendrés par ce projet de décharge. Mais cette opposition entre paisible et catastrophe montre rapidement ses limites et le film tourne en rond, faisant bien vite apparaître son plus grand défaut : le manque total de recul et de pédagogie. Passe encore que les différents intervenants ne soient pas clairement identifiés dès le début (on devine par la suite que un tel est le maire, un tel est le directeur du chantier) ou encore qu'un petit topo géographique / démographique / économique de cette région et à fortiori de ce petit village ne soit pas établi. Mais par la suite, nombre de situations nous sont simplement exposées à l'aide d'images et/ou d'oppositions encore les responsables de ce projet de décharge et les habitants sans plus de précisions quant aux conséquences sur l'environnement (aussi bien la faune que la flore) et les villageois.

Tout juste apprend-t-on que cette décharge pue et pollue (les nappes phréatiques et la mer), que des personnes tombent malades, des animaux meurent (le cadavre d'un chien est retrouvée dans des décombres suite à l'effondrement d'un mur) ou encore que les différents recours en justice ont tous échoué. Tout cela, on s'en serait douté, les images étant suffisamment éloquentes. Mais pour quelles raisons ? Comment et pourquoi sont finalement les deux interrogations que l'on n'a de cesse de se poser tout au long du film sans jamais obtenir la moindre réponse. Fatih Akin eut été bien avisé de creuser un peu plus cet immense amas de détritus au lieu de se contenter de rester en surface, visiblement trop impliqué par ce sujet très personnel d'un village qui se meurt à petit feu (les jeunes désertent la région pour partir vivre à Istanbul) pour prendre le recul nécessaire.

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