Critique : Después de Lucia

Stéphane Argentin | 27 mai 2012
Stéphane Argentin | 27 mai 2012

Contrairement à Aquí y allá, lauréat du Grand Prix de la Semaine de la Critique en 2012 avec lequel il partage le même pays pour le déroulement de son histoire (le Mexique) ainsi que la même approche visuelle (une succession de plans séquences fixes au sein desquelles évoluent les personnages), Después de Lucia est doté d'un scénario d'une rare intensité, très bien construit et qui implique immédiatement le spectateur pour ne plus le lâcher jusqu'à la toute dernière séquence.

Après le décès de sa femme Lucia, Roberto part s'installer à Mexico avec sa fille Alejandra. Dévasté par cette disparition, il ne perçoit pas le désarroi grandissant d'Alejandra, devenue la souffre douleur des élèves de son nouveau lycée suite à la diffusion d'une sextape à l'issue d'une soirée trop arrosée.

Harcèlement scolaire et perte du dialogue parents - enfants sont au cœur de ce splendide long-métrage où la forme sert à la perfection le fond. En apparence simpliste, la mise en scène joue en réalité un rôle essentiel dans l'immersion du spectateur puisque la caméra, dépourvue de tout mouvement (à l'exception d'une poignée de plans), place celui-ci dans une position d'inertie totale face aux épreuves que va traverser l'adolescente. Dans le rôle d'Alejandra, la jeune Tessa est une véritable révélation pour son interprétation multi-facettes. Elle va ainsi successivement être la belle jeune fille en fleur qui tente d'oublier le tragique événement que fut la disparition de sa mère, puis la rebelle lorsque débute le harcèlement et enfin la résignée emplie de colère réfrénée lorsqu'elle s'aperçoit qu'elle se trouve désormais au centre d'un cercle vicieux inextricable. Après tout, n'est-elle pas elle-même honteuse et furieuse de s'être fait « baisée » avec cette histoire de sextape à l'origine de tout ? Pour autant, la belle n'a pas dit son dernier mot et fera preuve d'un tempérament et d'une détermination à toute épreuve jusqu'au bout.

Dire que Après Lucia va loin dans le registre du harcèlement (sans pour autant sombrer dans le voyeurisme) serait un doux euphémisme tant le spectateur aura littéralement envie d'exploser et / ou de se rebeller aux côtés / à la place de l'adolescente. D'autant que, pour son deuxième long-métrage, Michel Franco va jusqu'au point de non retour, ne laissant à ses protagonistes aucun échappatoire possible. C'est donc littéralement sonné que le spectateur ressort lui-aussi de ce brillant et cruel Après Lucia.

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