La Part des anges : Critique

Stéphane Argentin | 22 mai 2012
Stéphane Argentin | 22 mai 2012

Depuis quelques années, Ken Loach, maître incontesté du cinoche britannique dit « social » (sans oublier son comparse Mike Leigh), semble décidé à distiller davantage d'humour dans ses longs-métrages. En témoigne le très décontracté et décontractant Looking for Eric (en compétition sur la croisette en 2009), à 100 lieues du Loach ultra-déprimant des débuts : pour voir Family life (1971) d'une seule traite, nous ne saurions que trop conseiller de prévoir antidépresseurs et bouteille de gnôle.

De gnôle, de social et d'humour, il en est d'ailleurs question dans La Part des anges (11ème film du réalisateur en compétition à Cannes pour la Palme d'Or depuis 1981, excusez du peu !) où une équipe de bras cassés condamnés à des travaux d'intérêts généraux vont saisir la chance de se refaire une virginité judiciaire en organisant le braquage du whisky le plus mémorable (et donc très très cher) de toute l'histoire des distilleries irlandaises. Présenté ainsi, le Loach millésime 2012 pourrait apparaître comme une nouvelle récréation à la Looking for Eric où l'éthylotest aurait remplacé le ballon rond.

 

 

Ce serait oublier un peu vite les antécédents sociaux du cinoche de Loach qui trouve ici un parfait équilibre entre humour et gravité. En témoigne la séquence d'ouverture au sein d'un tribunal où nous sont présentés les différents protagonistes au travers d'affaires des plus sérieuses (alcool, drogue et autres voies de fait) mais traités avec juste ce qu'il faut de décalage humoristique pour donner le « la ». Dès lors, ce parfait dosage comico-social sera de mise tout au long du film où les séquences promptes à vous arracher des larmes (cf. la confrontation entre le jeune Robbie et l'une de ses anciennes « victimes ») le disputent à d'autres à vous faire pleurer de rires (mention spéciale au dummy de l'équipe). Le but à atteindre pour le cerveau de l'affaire (Robbie) n'est nullement les 12 étapes des Alcooliques Anonymes mais bel et bien un nouveau départ dans la vie aux côtés de sa compagne et de leur petit Luke, loin de son passé violent de cocaïnomane.

 

 

Et si la méthode pour y parvenir (braquer un fût de whisky d'une valeur de plus d'un million de Livres Sterling) n'est pas des plus honnêtes, l'invitation de Loach à cet Ocean's eleven du Single Malt avec une bonne rasade de sociale l'est assurément. Pour preuve, même l'auteur de cette chronique, qui ne boit pourtant jamais d'alcool (si si, on vous assure, NDR), aurait déclaré à l'issue de la projo : « Ça m'a donné envie de me prendre un bon p'tit whisky tout ça ». C'est dire si ce Ken Loach millésime 2012 est à déguster sans modération !

PS : minute pédagogique : pour les non connoisseurs (tel l'auteur de ces lignes, NDR), la part des anges est la partie du volume d'un alcool qui s'évapore pendant son vieillissement en fût.

 

 

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