Critique : L'Enfant d'en haut

Laure Beaudonnet | 17 avril 2012
Laure Beaudonnet | 17 avril 2012

Découvrir Léa Seydoux sous les traits d'une jeune femme peroxydée pour qui la vulgarité n'a plus aucun secret s'avère bien savoureux. Surtout quelques semaines après avoir apprécié la comédienne en lectrice de Marie-Antoinette dans la cour de Louis XVI pour Les adieux à la reine. Dans L'Enfant d'en haut elle arbore le masque d'une jeune femme désœuvrée, Louise, entretenue par son frère de 12 ans, Simon, qui parvient à remplir leurs assiettes de raviolis insipides en revendant du matériel alpin dérobé. Tous les jours, le garçonnet s'éreinte à monter sur les cimes pour voler l'attirail des riches skieurs avec un nouvel enjeu à chaque larcin: trouver la bonne paire de ski, piller sans se faire tabasser, ou dégoter l'acheteur pour satisfaire les besoins primaires d'une aînée ingrate et incapable de garder un travail plus d'un mois.

Si le film rappelle l'univers des frères Dardenne c'est surtout pour la thématique de l'abandon et d'une certaine misère sociale. L'enfant d'en haut dessine les failles d'une relation faussement fraternelle dont on décèle l'ampleur des travers au fil de l'intrigue. Sous ses airs de petit débrouillard, Simon porte une lourde réalité sur ses épaules chétives, celle de trouver de quoi manger. La dureté de la situation crée une vive ambivalence envers Louise. Des questions sur la protection de l'enfant se posent. Comment cette situation a-t-elle pu s'installer? Et surtout, où sont les parents ? Car Ursula Meier a cette belle faculté de déployer son récit en évacuant les réponses, lâchant avec fracas une vérité salée qu'on n'attendait plus.

L'Enfant d'en haut aurait pu s'arrêter au portrait d'une misère sociale. Mais non. Le film fait l'étalage de toutes les formes de carences modernes: affectives, sociales, familiales, éducatives, sans jamais sombrer dans un moralisme larmoyant. On avance sur deux niveaux de violence. La première, sociale, est patente. La seconde, étouffée, est libérée par la colère de Simon pour sa sœur. Entre désespoir et amour incontrôlé, le jeune Kacey Mottet-Klein, brillant, crée de véritables instants dramatiques. Et même si le film paraît parfois inégal et froid, il n'en demeure pas moins troublant.

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