Sinister : critique superbad 8

Perrine Quennesson | 6 novembre 2012 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Perrine Quennesson | 6 novembre 2012 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Vous emménagez. Dans votre nouveau grenier, vous trouvez un carton rempli de films en super 8 et l'équipement pour les regarder. Chouette : movie night ! Sur ces bandes ? Des meurtres, du snuff, du massacre en bonne et due forme. Votre premier réflexe : appeler les flics/déménager/vous recroqueviller en position fœtal et pleurer (rayer mentions inutiles). Surtout si les susdits films se mettent à se projeter tout seul au milieu de la nuit. Mais Ellison Oswalt voit les choses autrement. Lui, il reste. Car le bonhomme est écrivain. Son sujet : les véritables faits-divers. Il les étudie, les décortique et tente d'en faire des best-sellers comme le premier livre du genre qu'il a publié. Mais cette fois, pour les besoins de son enquête, il a poussé le bouchon un peu loin et a carrément emménagé, avec sa famille (mais sans qu'eux le sachent) dans la maison où le crime a eu lieu.

Ce téméraire auteur a les traits d'un Ethan Hawke hanté. Partagé entre la terreur grandissante que ces mini-bobines d'horreur lui infligent et la perspective du scoop qui lui rendra à nouveau sa gloire perdue, Ellison en perd le sens des priorités. Et le cœur du film est bien là : jusqu'où peut-on aller pour satisfaire son égo ? Quelle est la limite entre égocentrisme maladif, qui mène à la négligence des autres, et nécessaire accomplissement, afin de devenir un meilleur être ? Le film exploite ce thème sous deux angles, deux relations : celle du couple et celle du parents/enfants. Les deux vont de paire avec l'obsession grandissante du personnage d'Ethan Hawke pour son sujet. Plus il est passionné, fasciné, plus sa réalité se détériore jusqu'à un déclic brutal mais tardif et vain.

Cette fascination qu'Oswalt a pour les images gores auxquelles il est exposé dans les vidéos est aussi un discours du réalisateur Scott Derrickson sur notre rapport aux images violentes et à leurs conséquences sur différents publics. Si pour Ellison, elles satisfont une curiosité morbide, elles auront un impact plus néfaste sur ses enfants, qui on le devine, finissent par y être exposés. C'est l'autre aspect du film, lié au premier : quand le besoin d'autosatisfaction de l'homme lui fait oublier sa responsabilité de père, au point de créer le monstre qu'il traque et d'en subir directement les conséquences.

 

photo, Ethan Hawke

 

En parlant de monstre, et c'est là l'un des points forts du film de Derrickson : son bogeyman, presqu'instantanément aussi culte que Jigsaw en son temps. Celui-ci n'apparaît que tardivement mais hantera pour de bon vos cauchemars et vos prochaines soirées Halloween. Jaillissant dans le plan, il est également le symbole d'une excellente utilisation du principe du found footage. Sinister a, en majeure partie, une mise en scène classique, posée, entre travellings et plans fixes, créant ainsi une ambiance malsaine, malaisante et très à-propos.

 

photo

 

Mais la présence des super 8, au point de vue subjectif, et le surgissement des figures de la peur dans l'image ne sont pas sans évoquer les caractéristiques du found footage. Ce terme est, alors, ici utilisé littéralement et formellement pour un résultat terrifiant. Ajoutons à cela le montage redoutable d'efficacité de Frédéric Thoraval (Taken, Safe) et la musique glaçante de Christopher Young et vous obtenez sûrement le meilleur film d'épouvante de l'année.

 

Affiche officielle

Résumé

Sans justification tarabiscotée et décevante, Sinister nous entraine dans un cauchemar à plusieurs niveaux. Que vous soyez parent, artiste en mal de reconnaissance ou tout simplement flipette des salles de ciné, vous trouverez votre compte d'adrénaline. Et des idées de déguisements. 

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