Critique : For Ellen

Perrine Quennesson | 2 septembre 2012
Perrine Quennesson | 2 septembre 2012

Troisième film de la réalisatrice So Yong Kim (Treeless Mountain), For Ellen explore, de nouveau, à travers son personnage principal, ses thèmes de prédilection que sont l'abandon et l'introspection.

Joby Taylor est un musicien raté dont le groupe de métal est au bord de la séparation. Il quitte Chicago pour une longue route, destination sa future ex-femme avec qui il doit signer les papiers du divorce. Sur place, il découvre que son avocat n'a pas protégé ses droits de garde sur leur fille Ellen et que ceux-ci reviennent entièrement à Claire. Même s'il connaît à peine ce bout de chou de 6 ans qui vit déjà en permanence avec sa mère, Joby ne se sent pas prêt à renoncer à ses droits de père.

Joby n'est pas un personnage sympathique. Il boit beaucoup, jusqu'à se faire vomir, est toujours en colère et sa volonté de renouer avec sa fille s'apparente plus au caprice qu'à un véritable instinct paternel. Mais l'interprétation donnée par Paul Dano confère des nuances de gris à ce personnage de prime abord si basique. Inconscient, inconsistant et inconstant : il n'est pas difficile de comprendre les raisons qui ont poussé Claire à divorcer et à demander la garde complète. Et ce n'est sûrement pas son attitude lâche et puérile dans le reste de ses relations qui arrange les choses dans la tête d'un spectateur qui peine à prendre son parti.  Mais lorsqu'arrive la rencontre avec Ellen, tout semble changer. Attentionné et maladroit auprès d'une petite fille méfiante et désillusionnée à son égard, Joby en est touchant et nous fait revenir sur notre jugement.

La réalisatrice So Yong Kim, qui a elle même souffert de l'abandon d'un père qui n'est revenu la voir qu'une seule fois, paraît s'attendrir de ce passage éclair et tente d'en comprendre les raisons. Elle cherche à connaître les motivations et les mécanismes de cette figure paternelle démissionnaire. Pour cela, elle filme Paul Dano sous toutes les coutures, tous les angles et toutes les situations dans de longs plans quasi-immobiles. L'acteur y livre d'ailleurs une prestation particulièrement intense et inspirée. Mais sa présence à l'écran (en négatif presque avec le thème de l'absence qu'il incarne) éclipse les autres personnages qui n'ont finalement plus de partition à jouer et manquent d'épaisseur. On le regrette particulièrement lorsque Kim met en scène le rapprochement père/fille que l'on aurait aimé voir arriver plus tôt et durer plus longtemps.

Petit film indé, For Ellen convainc par sa mise en scène sobre et l'admiration que la réalisatrice a pour son acteur principal donnant à l'ensemble une véritable authenticité et sensibilité. 

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