Star Wars Épisode IV : Un nouvel espoir - critique des étoiles

Simon Riaux | 16 janvier 2023 - MAJ : 17/01/2023 12:48
Simon Riaux | 16 janvier 2023 - MAJ : 17/01/2023 12:48

Au moment de rédiger une critique de ce Star Wars : Episode IV - Un nouvel espoir, un problème des plus épineux surgit. Faut-il traiter du film original de George Lucas, ou bien analyser l'actuelle version et ses nombreuses modifications ? L'indisponibilité de l'oeuvre première et le succès historique remporté par l'édition Blu-ray de la saga ont tranché, c'est le long-métrage auquel le public a accès, celui qu'il connaît et probablement celui qui restera dans sa mémoire, sur lequel nous allons nous pencher.

A STAR IS BORN

Si La Guerre des étoiles de George Lucas est entrée dans la légende du septième art quasi instantanément, c'est car à bien des égards, le récit qui se déroule sous nos yeux appartient à la mythologie classique. Il en a digéré bien plus que les contours, il a fait siennes ses figures, ses lignes de force, auxquels il confère un décor, littéralement un univers, capable de les réactualiser et les sublimer.

Si dans sa Poétique Aristote n'avait pas prévu la représentation de sabres lasers, ou le coefficient de pénétration dans l'air d'un stormtrooper, le philosophe analysait la dynamique du tragique avec une rigueur et une acuité que l'on retrouve dans le destin de Vador et de sa progéniture. Un des plus grands mérites du film est d'avoir prouvé que la science-fiction était (et est encore aujourd'hui) le dernier bastion des grands récits mythologiques. Le seul genre capable de brasser naturellement des histoires aussi vastes et amples que l'humanité auxquelles elles sont destinées.

 

Photo Mark HamillNaissance d'un héros

 

Cette puissance thématique éblouit presque systématiquement les jeunes spectateurs qui y sont confrontés, mais n'est pas l'unique réussite de l'œuvre. Son scénario, souvent taxé à tort de simpliste, est une leçon d'économie d'écriture, de narration ciselée. Lucas n'aura besoin que d'une unique séquence, frontale, dénuée de la moindre fioriture, pour nous présenter Vador ; d'une poignée de secondes pour introduire Luke et sa place au sein de sa famille d'adoption ; d'une brève scène pour faire de Han Solo le point d'ancrage rebelle du spectateur, héros rétif à la Force, qui nous permet d'en appréhender toute la puissance et l'intouchable grandeur.

On est constamment frappé par la richesse et la cohérence de cet univers, dont les peuples, conflits et traditions sont évoqués, nourrissent les arrière-plans, se devinent, mais ne nous sont presque jamais assénés. Rares sont les œuvres qui nous auront donné le sentiment, après leur visionnage, qu'elles ont ouvert une fenêtre sur un monde autonome, dont la persistance se fait irrémédiablement sentir. Voilà un exploit qui écrase littéralement les quelques faiblesses de l'intrigue, notamment les caractères trop lisses de Luke et Leïa, que la trilogie se chargera d'enrichir.

 

Photo Dark VadorA Dark Star is born

 

LES MÉTAMORPHOSES DE LUCAS

Hélas cette réussite cinématographique souffre aujourd'hui d'un défaut potentiellement rédhibitoire, d'autant plus qu'il semble devoir logiquement persister et s'amplifier. Les modifications ajoutées régulièrement par George Lucas posent un évident problème quant à la réception de l'œuvre. Il n'est pas ici question de discuter leur légitimité, ni même la transformation des personnages et de leur parcours (le fameux échange de tirs entre Solo et Greedo), mais de constater deux domaines irrémédiablement altérés par ces ajouts.

Premièrement, ils ternissent le rythme du film. Il suffit parfois de quelques secondes, ou d'une rupture de la temporalité ressentie par le spectateur, pour que l'équilibre d'orfèvre de Star Wars soit menacé, comme si Lucas, plutôt que de placer sa foi en ce qu'il raconte, investissait désormais dans ce qu'il montre.

 

Photo Alec GuinnessObi-Wan le blanc

 

Mais il y a plus grave : chaque transformation vient sortir le spectateur du film. Même le plus myope des mioches sait repérer la différence entre une créature de latex et un de ses avatars numériques, leur apparence, leur gestuelle, viennent systématiquement contredire la très belle harmonie de cet univers.

Pire, ils font souvent diversion et nous font perdre la beauté d'un plan, l'importance d'une transition, ou flinguent purement et simplement la naissance d'une ambiance. Dès lors, l'œuvre n'a plus d'époque, nous ne regardons plus un chef-d'œuvre de 1977 qui nous sidérerait par son intemporalité, mais un patchwork incohérent, souvent de mauvais goût, et qui nous interdit un rapport intime, organique, avec le film.

 

Affiche

Résumé

En l'état, Star Wars : Épisode IV - Un nouvel espoir est (encore) un chef-d'œuvre. Mais ne nous leurrons pas, les métamorphoses opérées par l'auteur principal de la saga affectent très durement cet épisode (plus encore que Le Retour du Jedi) et il est bien difficile de trancher entre le souvenir du sublime et la valeur objective de ses restes. En l'état, on espère sans grand espoir que cette merveille ne sera pas défigurée davantage, et pourra demeurer le film marquant qu'elle mérite d'être, plus que le souvenir sympathique du scrapbook délirant d'un créateur mégalomane.

Autre avis Geoffrey Crété
En plus d'être une brique élémentaire de la science-fiction moderne, le premier Star Wars reste un film d'une pureté exemplaire, construit, pensé et rêvé par George Lucas comme un grand fantasme d'enfant bercé par les étoiles. Qu'il vole encore des décennies après, est un exploit dans le genre.
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Lecteurs

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commentaires
Sanchooz
18/01/2023 à 21:17

Je suis de la génération marquée par la prélogie et je comprends en lisant ces commentaires que quand on est marqué par un film que l'on voit à 12 ans, c'est souvent plutôt moins par le film lui même que parce que, justement, on a 12 ans.
Ce qui veut dire que ceux ayant vu la postlogie dans leur adolescence la trouveront mécaniquement mieux que les 2 autres trilogies. Cela mérite tout notre bienveillant mépris bien sûr, mais ils mépriseront à leur tour la génération d'après qui sera fan de Star Wars X, XI et XII alors on est quittes.

Ethan
18/01/2023 à 12:39

Le problème de ce film c'est qu'il a vieilli sur certaines séquences notament les vaisseaux dans l'espace

Pat Rick
17/01/2023 à 13:30

Il est mythique car c'est le tout premier film de la saga et parce qu'il a ouvert la voie à un nouveau type de cinéma commercial et divertissant mais ce n'est pas le meilleur film de la saga.
Je trouve qu'il manque de rythme.

OMG
17/01/2023 à 12:53

Il est vraiment tout pété ce film comparé à Black Adam !

Kyle Reese
10/05/2022 à 22:20

Et dire que j'avais l'affiche en grand sur mon mur de chambre. Elle est splendide cette affiche.
On n'en fait plus des comme ça !

Kyle Reese
10/05/2022 à 22:19

Pour l'anecdote j'ai pu voir dans les années 90 les 3 films de la trilogie en copie 70 mm au Max Linder lors d'une soirée spécial juste avant que Lucas ne face disparaitre toutes les copies originales. Un grand moment sauf que je me suis endormi au milieu de l'Empire ... pour me réveiller pendant le Retour (c'est malin) ça a duré jusqu'au petit matin.

Et une copie 70 mm non retouché existe belle et bien car Lucas a autorisé une projection en juillet 2019 pour une soirée spéciale sur l'évolution des technologies.
https://www.hdnumerique.com/actualite/articles/18014-star-wars-projection-70mm.html

Donc il y a de l'espoir d'avoir un jour un vrai transfert 4k du montage original.

le côte obscur de la Force mercantiliste
10/05/2022 à 16:19

toujours pas réussi a regarder ce premier épisode dans son integralité,..
j'ai arrêté de regarder ce truc inregardable quand Mark Hamill s'entraine au sabre laser et en mode aveugle dans le vaisseau de Solo/Ford,
Lucas a volontairment cramé je crois bien TOUS les negatifs d'époque, la perte est immense, quitte a voir un truc kitch, autant le voir dans son jus, d'origine sans sacrilege numerique!
cette saga aurait dû être l'un des saga preferee de ma jeunesse,(né mi année 70),j'étais contemporain de cette époque,mais j'ai jamais pu supporter ces navets, dans ma jeunesse, milieu annees 80, ils ne passaient que le l'empire contre attaque ou le retour du jedi, sinon j'ai vu tous les autres, j'etais alle voir la ressortie remaserise de empire strike back et Jedi return fina annee 90, donc je fais pas le difficile!
mais cet opus de 77 est inregardable, il ya des sequences de type Muppet show avec des musiciens absolument comique dans le bar ou Solo a des probleme, ce comique était -il voulu ou cela était filme serieusement,?!

sylvinception
10/05/2022 à 14:08

Grosse opportunité loupée par Lucas lors des "modifications" apportées à son oeuvre, s'il avait rajouté Jar Jar Binks, tout aurait été pardonné. :-)

Kyle Reese
10/05/2022 à 11:41

@REtroBob

Un grand merci. Je viens de récupérer la v2.7, ils ont fait un boulot de dingue. Le film est tellement mieux comme ça. Il parait bien plus réaliste sans tous ces rajouts inutiles qui distrait de l'action principale (notamment toutes ces bestioles) et cette colorimétrie vers le rose casse tout.

REtroBob
10/05/2022 à 07:55

@Kyle Reese
Tu peux trouver "tombé du camion" la version Despecialized

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89dition_d%C3%A9sp%C3%A9cialis%C3%A9e_d%27Harmy

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