Critique : La Belle et le Clochard

Erwan Desbois | 10 février 2006
Erwan Desbois | 10 février 2006

Après les vaches maigres de la Seconde Guerre mondiale et la renaissance que fut Cendrillon, les années 1950 représentèrent l'âge d'or de Disney. Cet apogée se traduisit par une succession de dessins animés qui, plus de cinquante ans après, sont définitivement devenus des classiques intemporels, tant ils n'ont rien perdu de leur pouvoir enchanteur. Avec ses personnages hauts en couleur, ses situations savoureuses, son raffinement visuel et sonore et son CinémaScope (employé pour la première fois dans un Disney), La Belle et le Clochard fait assurément partie de ses chefs-d'oeuvre.

 

 

S'il était appliqué à des personnages humains, le scénario de La Belle et le Clochard serait des plus communs : un homme et une femme de classes sociales différentes se rencontrent, s'aiment, sont séparés par leur statut, mais parviennent malgré tout à se retrouver et à vivre ensemble et heureux. Avec des chiens comme protagonistes, une telle histoire voit ses horizons s'élargir et peut devenir extrêmement savoureuse pour peu que le talent soit au rendez-vous. Et comme ce dernier ne manquait pas chez Disney à cette époque, La Belle et le Clochard est une sorte de gala de démonstration d'artistes parvenus au sommet de leur art.

 

 

La perfection est tout d'abord visuelle. Le CinémaScope souligne encore plus, si cela était nécessaire, la richesse des décors, leur profusion de couleurs et la minutie de leur niveau de détails (particulièrement notable dans la scène de poursuite finale). La fluidité des animations et la vraisemblance des expressions des chiens sont elles aussi à couper le souffle et ôtent tout doute quant à la crédibilité de ces chiens parlant et agissant comme des humains. On retrouve d'ailleurs dans ce film le don - le terme n'est pas trop fort - de Disney pour donner naissance à des personnages secondaires hauts en couleur, don porté ici à son paroxysme tant chaque personnage marque immédiatement les esprits. Des deux amis fidèles de Belle, Jock et Trusty, à la bande de chiens prisonniers de la fourrière, tous sont croqués à la perfection, extérieurement comme intérieurement, avec pour chacun un look et un accent bien à lui.

 

 

Ce qui achève de faire de La Belle et le Clochard une pure merveille est la conduite du récit. Resserré sur moins d'une heure et quart, le film est mené tambour battant et chaque scène, chaque détail du scénario parvient à être mémorable en lui-même tout en apportant sa pierre à l'avancement de l'histoire et au développement des personnages. Le dîner en amoureux au restaurant italien et la séquence de la fourrière sont ainsi autant de morceaux de bravoure, qui utilisent avec bonheur le décalage créé par l'application de comportements humains à des chiens pour mélanger humour et sérieux, détournement des genres (la comédie romantique pour le premier, les films de prison et de gangsters pour le second) et franche émotion. Un cocktail détonant et franc du collier, pour un moment de pur plaisir auquel on reviendra toujours sans jamais être déçu.

 

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