300 : critique guerrière

Laurent Pécha | 1 mai 2014
Laurent Pécha | 1 mai 2014

Zack Snyder adapte le comic culte de Frank Miller, avec Gerard Butler et Lena Headey.

Rares sont les films de nos jours qui arrivent à tenir les promesses qu'ils ont fait naître. Alors quand l'une de ces raretés déboule sur nos écrans et qu'elle s'appelle 300, il y a de quoi s'enthousiasmer au plus haut point. Après un gonflé et réussi remake de Zombie (L'Armée des morts), Zack Snyder récidive et signe avec ce péplum fantasmé une certaine idée du cinéma du futur. Un cinéma qui ne connaît aucune limite, où l'artiste peut aller jusqu'au bout de son délire créatif. La surprise ne sera pas trop grande pour quiconque aura déjà vu les prémices du spectacle (bandes-annonces, extraits, photos,…) ou plus simplement est familier de l'univers de Frank Miller, l'auteur du comic adapté : 300 est bien une oeuvre visuellement bluffante. On reste ainsi de longues minutes subjugué par le travail accompli pour rendre cette épopée guerrière aussi fantasmagorique qu'expressionniste. À tel point qu'on s'éloigne définitivement d'une quelconque identification historique même si les événements relatés sont en grande partie véridiques pour plonger dans des artifices visuels sans précédent.

 

 

300 est aussi un film qui ne lésine pas sur la violence. En attestent les chorégraphies morbides des affrontements titanesques entre les 300 spartiates et l'armée perse du « dieu » Xerxès. Même s'il est numérique (tout étant ici sacrifié sur l'autel de l'esthétisme outrancier mais ô combien jouissif), le sang coule à flots. Il explose même de partout en des giclées incessantes quand ce ne sont pas tout simplement des membres (la tête de préférence) qui volent aux quatre coins du somptueux cinémascope. Si Snyder pêche une fois par excès de gourmandise (l'attaque des cavaliers perses paraît a posteriori superflue), il est bien difficile de lui en vouloir tant l'homme cherche à mettre constamment en avant la « grandeur » de la tâche des spartiates et de leur charismatique roi, Léonidas (sculptural Gerard Butler comme l'ensemble du casting tout en abdos en béton armé). En résultent des empoignades stupéfiantes où les 300 prennent des poses de ouf tout en accomplissant des gestes fatals avec une dextérité inouïe, le tout capté magistralement par une caméra d'une rare fluidité.

 

 

 Si 300 est en apparence une histoire d'hommes comme tout péplum qui se respecte, Zack Snyder a intelligemment pris des libertés avec le comic de Miller, principalement en donnant un rôle primordial à Gorgo, la femme de Léonidas (l'intense et magnifique Lena Headey). En recentrant le coeur du récit autour de sa personne (Léonidas ne fait rien sans elle, mieux, Léonidas ne serait rien sans elle), le jeune cinéaste fait de 300 une ode aussi majestueuse que subtile à la toute puissance de la femme. Un tour de force énormissime qui est pour beaucoup dans la réussite éclatante d'un film bien plus recherché et complexe qu'il ne paraît être de prime abord.

 

 

Résumé

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commentaires
Diablo
02/05/2018 à 07:44

Il faut sauver le soldat Snyder!

Olivier637
02/05/2018 à 07:23

Snyder est immense. Il ne s est pas perdu, c est sa fille qu il a perdue. Laissez lui un peu de temps, un mec qui peut degainer une claque comme Watchmen moi je lui laisse un peu de temps, perso.

corleone
02/05/2018 à 01:57

Ha que ça à l'air si lointain ce bon vieux temps où Snyder faisait encore de bons films ! Juste culte ce film.

Brad
02/05/2018 à 00:47

Spartiates qu'elle et vôtre métiers !!!

Qrys
01/05/2018 à 23:03

Un autre changement d’importance par rapport à la bd: le fait que ce soit un récit (du dernier spartiate survivant) fait pour galvaniser les troupes. Donc, sans s’en cacher, de la propagande pipeau... par exemple il raconte le final stand sans y avoir assisté, sans compter les créatures fantasmagoriques, ou les risques insensés pris par Leonidas alors que sans leur roi les spartiates ne sont même plus censés se battre... le même Leonidas qui décrète le premier jour « aucun spartiate n’en meurt aujourd’hui » , ce qui s’averera vrai, contre toute vraisemblance.
Mais ce que je préfère, c’est le mépris revendiqué par notre bon roi envers les politiciens (tous traîtres et corrompus) et toute forme de démocratie comme celle pratiquée par les athéniens de l’epoque, réservée aux riches et qui n’excluait pas l’esclavage, mais qui pour lui ne sont qu’un ramassis de tarlouzes (le terme précis étant « boys lovers »).
Ah ! Autre incohérence volontaire du récit : Leonidas affirme qu’en ses 300 soldats ne sont exclusivement que ça: des soldats. Dans une cité de quelques milliers d’habitants, imaginez le bordel seme par la présence de 300 oisifs a nourrir, loger et vêtir, se baladant gorgés d’hormones avec leur physique impossible devant votre femme ou votre fille... aaah ! J’adore ce film.
Comment une telle lucidité ironique a pu être perdu quand ce mec a fait Watchmen puis s’est attaqué fonder le DCEU, ça me dépasse... remarquez bien qu’on peut se poser la même question avec Luc Besson entre le cinquième élément et valerian.

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