Critique : Indian Palace

Sandy Gillet | 9 mai 2012
Sandy Gillet | 9 mai 2012

La grande question que l'on peut se poser à la lecture du synopsis (des vieux en provenance de la perfide Albion qui n'attendent plus rien de leur existence « à la recherche de quelque chose » dans une Inde de carte postale), c'est de savoir s'il ne s'agit pas là d'un film en fin de vie dont il faudrait peut-être se résoudre à débrancher les câbles de la machine à respiration artificielle. Le genre de projet qui permet au troisième et quatrième âge de pouvoir profiter de leur séance de cinéma hebdomadaire du milieu d'après-midi. Mais que l'on ne s'y trompe pas. Le réalisateur de Shakespeare in love ou de L'affaire Rachel Singer (oui vu ainsi cela ne donne pas plus envie) étonne et détonne au sein de sa filmo formatée pour nous pondre une sorte d'ode à la vie certes un brin naïve mais d'une grande sincérité artistique.

Il faut dire que ce qui emballe d'entrée de jeu c'est la brochette d'acteurs qui se répand avec force et conviction sur l'écran devant nos yeux ébaubis. De Judi Dench à Tom Wilkinson en passant par Bill « plus je vieillis plus j'assure grave » Nighy à Maggie Smith, sans oublier le talent « local » Dev Patel, on a tout simplement ici la crème anglaise (ok elle était facile) d'une profession aussi à l'aise au sein d'une production nationale qu'à l'export. C'est donc la première qualité d'un John Madden, certes habitué à travailler avec de grosses pointures, que d'arriver à faire prendre la sauce d'un tel bestiaire dont le talent de chacun n'est plus à démontrer. C'est aussi le premier plaisir du spectateur que de les découvrir au fur et à mesure campant chacun un personnage qui espère trouver en ce lieu exotique qu'est l'Hôtel Marigold en plein Rajasthan, une région située dans le nord-ouest de l'Inde, des réponses à leurs attentes multiples qui peuvent aller de la simple libido qu'il faut impérativement assouvir à la recherche d'un passé honteusement enfoui jusqu'ici.

Madden n'évite pourtant pas certains écueils comme celui de dépeindre une Inde un peu sépia qui semble convenir à ces anglais qui ont tous connus le temps des colonies. Ou encore de donner à son récit forcément choral une touche unitaire et linéaire par moment irritante. Il n'empêche que les 125 minutes de cette quête aux étonnantes ramifications n'entretiennent que peu de fois l'impression d'un ventre mou qu'il faut liposucer. Preuve que les chairs scénaristiques et même cinématographiques tiennent encore bien la route. On reste en haleine. On aime le rythme à la fois indolent mais aussi trépidant quand il le faut. On aime surtout cette musique au début insignifiante puis au final insistante qui nous affirme que la vie peut offrir une seconde chance. Encore faut-il la saisir.

Allô mamie. Cela te dirait d'aller au ciné avec moi ? Non non je te promets. Je ne t'emmène pas voir un film du genre C'est arrivé près de chez vous. Et puis quand même mamie cela fait 20 ans et tu m'en veux toujours ? Bon on dit demain après-midi ? Et bien écoute pas de problème. Je t'aime mamie. Je t'embrasse fort.

J'ai pris un coup de vieux moi.  

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