Critique : Devil inside

Simon Riaux | 20 février 2012
Simon Riaux | 20 février 2012
Quel est le point commun entre films d'exorcisme et de crocodiles ? Les deux genres ont le mérite d'exister, en dépit de l'endémique nullité de la majorité de leurs représentants. Ajoutez à cela que les films d'exorcisme ont le mauvais goût de ne pas contenir de crocodiles, et vous commencerez à réaliser la témérité indispensable au visionnage de Devil Inside. Car si l'affiche vous prévient que le Vatican ne vous encourage pas à regarder la chose, sachez qu'Écran Large, la raison, votre inconscient, et l'histoire de l'art vous enjoignent également à ne pas faire souffrir inutilement vos rétines.

Surfant avec un opportunisme ahurissant sur la vague du found footage, qui ne sera jamais justifié, ou pensé via ses contraintes et potentialités esthétiques, le film recrache à la figure du spectateur des années de poncifs et de stéréotypes digérés. Il faut voir les personnages craquer tour à tour devant l'objectif, en une sidérante parodie de Confessions intimes, pour réaliser la haute opinion que les producteurs et réalisateurs se font de leur public. Ce dernier sera considéré pendant l'intégralité du métrage comme un imbécile ignorant, tout juste bon à frissonner devant une paire d'yeux révulsés, un psaume éructé en latin, ou une petite séance de scarification ad hoc, le tout traité avec un je-m'en-foutisme impressionnant.

Car le film ne fait pas seulement l'économie de l'originalité, il fait également celle de la cohérence, cruellement absente du scénario comme de la mise en scène. Il faut entendre l'ahurissante réflexion d'un prêtre exorciste à son homologue américain : « Mais David pourquoi rapportes-tu tout à l'Église ? » pour en prendre pleinement conscience. On ne s'attardera pas sur les réactions de nos chasseurs de démons, qui ont dû s'y reprendre à plusieurs fois pour obtenir leur BEP Spiritisme, tant leurs connaissances théologiques sont approximatives, alors que le spectateur devine chaque rebondissement, introduit avec une grâce pachydermique.

Devil Inside fait hélas partie de ces longs-métrages dont le plus gros défaut n'est pas la nullité objective, mais bien le mépris souverain avec lequel il considère son public. Reprendre des pans entiers du travail de ses prédécesseurs, l'originalité et la finesse en moins, pour l'excréter à la face du spectateur, c'est lui rappeler avec la plus détestable condescendance qu'il ne mérite pas mieux. Reste à faire mentir les auteurs de ce doigt d'honneur sur lequel se sont déjà assis avec tant de cinéphages outre-Atlantique.

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