Critique : L'Art d’aimer

Laure Beaudonnet | 18 novembre 2011
Laure Beaudonnet | 18 novembre 2011
Emmanuel Mouret ne se lasse jamais de l'amour. Une thématique qui parcourt de manière quasi-obsessionnelle l'ensemble de son œuvre. Au fil de ses films, il décortique le sentiment comme un scientifique observe son objet. Il l'analyse à travers chaque prisme pour tenter d'en tirer des résultats à caractère universel. Et L'Art d'aimer n'échappe pas à la règle. Bien au contraire. Sous la forme d'un film choral, l'audience suit différents destins de couples, leurs turpitudes, leurs angoisses. A quel moment devient-on infidèle ? Doit-on tout partager ? Peut-on prêter son compagnon pour rendre service à une amie esseulée ? Quelques exemples de questions abordées par Emmanuel Mouret qui, pour une fois, n'incarne pas le rôle principal de son film. L'idée du geste sexuel assimilé à un don rappelle Laissons Lucie Faire, où l'auteur étudiait déjà le corps comme objet. Une manière de rendre service à celui qui manque farouchement d'expérience. 

Emmanuel Mouret a le mérite d'avoir créé un style au fil de ses films. Si on salue certains clins d'œil au cinéma d'Eric Romher dans la crudité naturaliste de sa mise en scène et l'usage d'un ton à contretemps, le systématisme de ses thèmes renvoient plus certainement à Woody Allen. Il partage d'ailleurs avec l'auteur de Manhattan cette fâcheuse manie de se faire entendre derrière chaque personnage, comme un chef d'orchestre qui ne saurait pas rester silencieux face à ses instruments. Ses acteurs articulent un texte bien trop écrit, comme des musiciens déroulant, à l'unisson, une partition truffée de fausse notes. Mais, cette diction, toujours sur la corde raide, finit sinon par séduire, par habituer son public.

Loin d'être désagréable, le film crée des situations inattendues et plutôt plaisantes, notamment l'idée d'un "blind plan cul". Deux personnages qui couchent ensemble sans le savoir, pour ainsi dire. Encore fallait-il y penser. Ou un couple aux envies libertines dont les deux membres finissent seuls l'unique soir où l'infidélité leur était autorisée. Si le film ne fait pas partie de ceux qui laissent une trace impérissable, il demeure inoffensif tant moralement qu'intellectuellement. Et rien que pour découvrir un François Cluzet mendiant de l'affection, le film vaut le détour.

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