Critique : Contrebande

Simon Riaux | 14 mai 2012
Simon Riaux | 14 mai 2012
C'est à Baltasar Kormakur, acteur et producteur de Reykjavic – Rotterdam, que sera revenu l'insigne honneur de mettre en scène le remake de cet humble polar venu du nord, et renommé pour l'occasion Contrebande. Si confier à l'un des auteurs du matériau original son adaptation outre-Atlantique peut sembler pertinent, gage d'authenticité et de respect, tout porte à croire que pour l'intéressé, il en va autrement.

Avec la délicatesse d'un marin visitant à chaque escale la même gourgandine, Baltasar procède sans finesse et relit son propre film avec tous les symptômes de la lassitude polie. Chaque personnage est très (trop) clairement identifié, tous les rebondissements s'enchaînent sans jamais nous heurter ou nous surprendre, et la réalisation de l'ensemble s'avère si proprement fonctionnelle que la somnolence guette. Une mollesse qui se retrouve jusque dans les séquences d'action, qui vont de l'invraisemblable au rebattu, comme en témoigne un braquage de fourgon totalement loupé, qui vient sortir nos héros de la panade de la plus artificielle des manières.

En dépit d'une mise en scène qui préfère rester à quai, on espérait que le casting musclé confèrerait à l'ensemble un parfum musqué de poil et d'aisselles tatouées. Hélas, Mark Wahlberg est le seul de ses camarades à être à la hauteur, et joue avec délice de son charisme de gangster next door, bon contrebandier, bon père de famille, mari vigoureux, et justicier bad ass. La pauvre Kate Beckinsale a beau être ravissante en blonde, la teinture ne l'oublions pas, attaque le cerveau, et donne à sa prestation des airs de coma profond. On ne s'attardera pas non plus sur Giovanni Ribisi, qui fait son possible pour incarner une menace crédible, ce qui serait le cas s'il avait pour adversaires un gang de majorettes anorexiques.

Au final, on ne comprend pas bien pourquoi Kormakur a accepté le projet de raconter une deuxième fois la même histoire, sinon pour cachetonner, tant le résultat s'avère ennuyeux, balisé, et impersonnel. Avoir une femme dans chaque port, c'est mal, un film dans chaque pays, aussi.

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