Silent Hill : Revelation 3D - critique à brûler
Sept années auront été nécessaires à la mise en branle d'une suite à la première adaptation, signée Christophe Gans, d'une licence imprégnée d'une identité singulière et délicate. Le britannique Michael J. Bassett reprend le flambeau des mains du français à la réalisation (et de celles de Roger Avary à l'écriture), pour une séquelle tardive et amputée de moitié du budget du film précédent. En dépit de ses faiblesses, Silent Hill, premier du nom, était parvenu à retranscrire avec justesse et finesse l'univers complexe d'une saga tout à la fois mélancolique et putride, rongée par une atmosphère délétère et peuplée de créatures tant malsaines que tragiques. Silent Hill Revelation 3D, non content de bafouer la mythologie de son matériau de base (malgré d'évidentes velléités de fidélité), se vautre dans une vulgarité effarante, contaminant peu à peu l'ensemble du film, réduit à un spectacle grotesque et racoleur, en complète contradiction avec l'univers qu'il s'était chargé de dépeindre.
Silent Hill Revelation s'attache à joindre le dénouement de son prédécesseur à une version largement amputée et simplifiée à l'extrême du troisième opus de la saga vidéoludique ; Heather Mason, en cavale inexpliquée depuis sept ans avec son paternel, souffre de rêves récurrents relatifs à un lieu mystérieux, théâtre de visions cauchemardesques. Face au rapt de son père, elle n'aura d'autre choix que de remuer un passé méconnu (comprendre : ouvrir trois cartons et un carnet bourré de, roulements de tambour, révélations) et prendre conscience de son rôle-clé dans le salut de Silent Hill. Puisque Heather n'est autre que la petite Sharon, rescapée du premier film, sa suite n'aura de cesse de patauger entre flash-back arrangés (nulle trace de Jodelle Ferland) et explications balourdes, bâtissant péniblement un lien superficiel entre les deux histoires.
La première partie du film s'attachera donc à introduire des protagonistes stupéfiants de vacuité, interprétés par des acteurs tantôt royalement absents (Sean Bean, triste à voir), tantôt résolument transparents (Adelaide Clemens et Kit Jon Snow Harrington), pas aidés, il est vrai, par des dialogues consternants comme rarement, entre explications lourdingues et lieux communs nigauds. Si cette longue introduction ennuiera fermement, le salut ne viendra assurément pas de l'arrivée de la jeune fille dans la ville fantôme. Là où le film de Christophe Gans parvenait à rendre palpable la solitude d'une Radha Mitchell perdue dans un brouillard de coton et menacée de présences invisibles, Silent Hill Revelation vulgarise sans vergogne l'univers de la saga au moyen de procédés antinomiques à sa mythologie, à commencer par une 3D racoleuse et un gore tâcheron.
La volonté de Michael J. Bassett de retranscrire l'essence de Silent Hill, évidente à l'occasion d'une pure séquence hospitalière de fan-service, passera par un bestiaire sous forme de catalogue vulgos et maladroit, sacrifiant des bonnes idées (la créature mannequin-araignée) sur l'autel d'effets visuels bancals, et massacrant le potentiel malsain de situations rendues grotesques. L'iconique Pyramid Head, figure ambiguë, menaçante et pathétique de la saga Silent Hill, se verra ainsi propulsé successivement en maître de manège et embarrassant combattant tout droit sorti d'une licence de combat. Reposant exclusivement sur ces rencontres supposément chocs, doublées de caméos gênants (Malcolm McDowell et Carrie-Anne Moss, dont on aura le respect d'oublier poliment la présence dans ce bourbier), Silent Hill Revelation déroule un scénario linéaire et insignifiant, fait d'une incohérente succession de séquences indépendantes et culminées d'un final criard, d'ailleurs soucieux de massacrer une bonne fois pour toutes la délicate partition d'Akira Yamaoka, à l'image d'une atmosphère sonore générale aussi assourdissante et tapageuse que le film qu'elle illustre.
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(1.3)