Critique : Another silence

Simon Riaux | 17 octobre 2011
Simon Riaux | 17 octobre 2011
Une vengeance sélectionnée lors de la 68ème Mostra de Venise, dont l'action nous embarque de Toronto aux étendues désolées des plateaux argentins, emmenée par la trop rare Marie-Josée Croze, il n'en fallait pas beaucoup plus pour exciter notre curiosité. Santiago Amigorena a déjà fait preuve de ses talents de scénariste, son premier long-métrage (Quelques jours en septembre) nous avait laissés sceptiques, et nous espérions le retrouver en meilleur forme. Hélas Another Silence partage avec sa précédente réalisation d'entêtants défauts, mâtinés de notables réussites.

Le parcours de cette femme brisée par le massacre de sa famille se prêtait certes à un traitement naturaliste et contemplatif, mais le dispositif montre rapidement ses limites. Si la réussite esthétique du metteur en scène ne fait pas de doute, il peine à nous plonger véritablement dans les terres arides où se déroule l'action, alors que la narration se fait de plus en plus ténue. Ainsi, les éléments les plus puissants et importants du scénario (les motivations de Marie, les causes d'une culpabilité qui la dévore et la transcende) sont expédiés maladroitement, et lors de dialogues tristement fonctionnels, quand l'ambition du film en terme de découpage et mise en scène laissait espérer une imbrication plus pertinente entre logos et muthos. Ainsi le récit s'attarde-t-il sur certains retournements attendus (la trahison d'untel, le piège tendu par un autre), plus que sur ce qui fait la force et la motivation des personnages.

Pour autant, on aurait tort de rejeter en bloc un film où Marie-Josée Croze fait montre d'une maîtrise et d'une profondeur de jeu remarquables, sans la moindre esbroufe. Un talent que Amigorena sait indiscutablement mettre en valeur, lors des longues plages de silence aussi bien qu'à l'occasion de soudaines bouffées de violence. Son sens du cadre ne fait aucun doute, de même que la minutie avec laquelle il agence image, montage et son. Trois éléments qui se répondent toujours avec une grande pertinence et confèrent à l'ensemble une véritable identité.

Comme son précédent long-métrage, le nouveau film de Santiago Amigorena a autant de raison de séduire que d'agacer. Si le pur talent de mise en scène de l'auteur ne semble pas en cause, c'est bien la gestion de la narration qui est ici problématique. Un problème que l'artiste pourra surmonter en abordant frontalement les genres qu'il convoque, ou en bénéficiant d'une collaboration aussi fructueuse que celle qu'il sut apporter à Cédric Klapisch.

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