L'Apollonide - souvenirs de la maison close : Critique

Simon Riaux | 16 mai 2011
Simon Riaux | 16 mai 2011

L'Apollonide de Bertrand Bonello arrive quelques semaines après un vif débat sur la possible pénalisation des clients de prostituées. Si la genèse du film n'entretient aucun rapport avec cet événement, on le découvre avec une curiosité ravivée par ce contexte, en espérant qu'il y apporte une pierre angulaire, sombre et détonnante à l'image de son auteur. Un espoir qui disparaît très vite, pour laisser place à un ennui poli.

 

 

Les souvenirs de cette maison close se dévoilent de triste manière. Après seulement quelques minutes de métrage, le réalisateur nous gratifie d'une séquence qui se veut éminemment poétique, mais atteint instantanément les tréfonds du ridicule. Sans vous déflorer la chose, sachez qu'il s'agit d'une relecture auteurisante de la tristement célèbre blague de la poupée gonflable, à laquelle vous aurez droit plusieurs fois avant le générique de fin. D'autres perles émaillent L'Apollonide, approximations historiques, anachronismes flagrants, qui viennent systématiquement nous sortir du récit.

Ce dernier est par ailleurs quasi-inexistant. Bonello nous décrit avec force détails la vie intime et sociale de ces prostituées recluses, sans qu'aucune ne sorte jamais du lot, sans fournir à son récit de fil rouge, que ce soit narrativement ou symboliquement. Entretenant la confusion entre naturalisme et incursion stylisée dans une époque fantasmée, l'auteur nous perd, multiplie les pistes et les accroches, sans jamais en saisir une seule. Si telle n'est sûrement pas la volonté du film, on en ressort avec la désagréable impression d'avoir assisté à une digression prétentieuse, qui n'entend divertir que par l'ajout artificiel de monceaux de chair, hélas bien triste. Un sentiment qui persiste jusqu'au dernier plan, qui vient greffer sur le tard un message à ce que nous avons subi pendant quelques 122 minutes, laissant derrière lui un parfum d'opportunisme embarrassant.

 

 

 

 

Ce constat est d'autant plus regrettable que Bonello disposait d'une galerie de personnages riches, qu'on aurait aimé voir mieux travaillés, au-delà de leur très réussie caractérisation. Sa réalisation n'est pas en reste et nous offre plusieurs séquences joliment envoûtantes, de danses lascives en escapade improvisée hors des murs de la maison de joie, le tout rehaussé par une élégante photographie. On se désole de cet échec, peut-être dû au choix du sujet et de l'époque, tout deux rebattus, et où le talent du réalisateur tourne à vide, car n'ayant rien de nouveau à nous proposer.

 

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