Critique : Astérix et Obélix : au service de sa majesté

Perrine Quennesson | 16 octobre 2012
Perrine Quennesson | 16 octobre 2012

Eternelle question : faut-il adapter une bande-dessinée de façon littérale ou en tirer l'essence et se la réapproprier ? Sin City est-il meilleur que Watchmen ? Ou l'inverse ? C'est en quelque sorte la question que semble se poser le dernier Astérix qui a clairement l'Obélix entre deux menhirs.

Au service de sa majesté est l'adaptation de deux livres des aventures du Gaulois moustachu : Astérix chez les Bretons et Astérix chez les Normands. Après un générique très « jamesbondesque », on comprend que nos deux irréductibles amis sont missionnés par la Reine d'Angleterre afin de lui apporter de la potion magique pour combattre les romains. Pour cela ils sont accompagnés de Gourdurix, le neveu tête à claque d'Abraracourcix, le chef du village, et de Jolitorax, l'Anglais qui leur a apporté la royale requête. Au passage, ils auront à faire aux normands, utilisés par Jules César comme des mercenaires sans foi ni loi mais, au final, peu efficaces.

Le mélange des histoires a tendance à fonctionner et, même si les normands débarquent un peu de nulle part pour repartir aussi vite, ils apportent également avec eux l'une des meilleures séquences du film. Il s'agit d'une séance de lavage de cerveau orchestrée par Miss MacIntosh sur l'un d'entre eux façon Orange Mécanique. Et le problème du film réside plutôt là, dans ce mélange-ci : celui des genres. Entre gags très enfantins à base de ficelle tirée (littéralement), ceux du livre comme le voleur de charrettes à la tête de voleur et l'humour plus « adulte » avec ses clins d'œil à l'amitié gay-friendly d'Astérix et Obélix, le film ne semble pas faire de choix et, ainsi, ne permet pas une véritable adhésion. 

Visuellement, le long-métrage de Laurent Tirard est agrémenté d'une 3D franchement inutile qui dessert même le film car elle met en avant la platitude de la mise en scène. Pataud, Au service de sa Majesté manque sérieusement de rythme et de cohésion. De cohésion visuelle d'abord où certaines scènes frisent le minimalisme voire la médiocrité mais aussi de cohésion quant au jeu des acteurs. Le faux accent anglais ne prête même pas à sourire et les comédiens ne paraissent pas jouer dans le même film : certains ne semblent se donner la réplique que parce le champ/contre-champ l'indique. Toutefois, quelques comédiens parviennent à tirer leur épingle du jeu comme Edouard Baer qui est, assurément, le meilleur des Astérix, à la fois pénible et donneur de leçons, Vincent "Les Beaux gosses" Lacoste qui fait un Vincent Lacoste gaulois ce qui est plutôt amusant, Gérard Depardieu qui est officiellement devenu Obélix et surtout Guillaume Gallienne qui supplante tous les autres et s'impose comme le véritable héros, leader et fil rouge de ce film souvent désordonné.

Plus fidèle adaptation de la BD de Goscinny et Uderzo, Astérix et Obélix au service de sa Majesté parvient à nous faire, un peu, oublier la débâcle du précédent mais n'en demeure pas moins un film très bancal, à des années lumières de la réussite du Chabat. Mission... petitement accomplie !

 

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