Critique : Ma compagne de nuit
La mise en route de l'histoire prend la forme d'un faux départ. Les deux personnages ne sont pas très sympathiques : Hafsia Herzi est la caricature de l'adolescente désabusée dont le débit de paroles lasse par sa linéarité. Et Emmanuelle Béart met un certain temps avant de séduire son public. Pendant toute la première partie du film, on ne nourrit aucune empathie pour la pauvre femme. Mais, subrepticement, le décor s'installe et les personnages prennent en relief. Sans vraiment s'en rendre compte, on se prend au jeu de la souffrance, si bien qu'on finit par ressentir le calvaire physique de Julia. Car Ma compagne de nuit est épuisant de réalisme et de justesse. Emmanuelle Béart donne un second souffle à son personnage, proposant une interprétation parfaitement crédible des derniers moments d'un cancéreux isolé par son état et terrifié par l'issue.
Isabelle Brocard saisit les enjeux sociaux et familiaux de la pathologie et du regard oppressant de l'entourage. Car surmonter de partir est une chose, mais accepter de faire souffrir ceux qu'on aime sans pouvoir rien y faire en est une autre. On est ballotté entre les réactions violentes des témoins et l'expérience torturée de Julia. Les aigreurs vécues, les incompréhensions face à la maladie. Le film aurait certainement gagné en efficacité si les derniers moments tiraient moins en longueur. Cela dit, le film fait l'effet d'une claque. Amateurs de mort lente et douloureuse ? Vous allez être servis.
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