Restless : Critique

Sandy Gillet | 12 mai 2011
Sandy Gillet | 12 mai 2011

Il est assez jubilatoire de pouvoir suivre en « live » la carrière de Gus Van Sant. Cinéaste précieux s'il en est tant celui-ci arrive d'un film à l'autre à toujours se renouveler sans jamais renier ses origines disons arty. 

Ce que, au demeurant, le réussi mais très classique Milk avait confirmé le propulsant encore plus sous les feux de la mondialisation galopante. Avec Restless, voici pourtant le bonhomme qui revient une nouvelle fois à Portland, sa ville de toujours, celle qui l'a vu naître et affirmer sa petite voix si différente et talentueuse. Celle qui lui permet aussi d'imprimer depuis toujours à sa filmo une sorte de battement du cœur régulier entre volonté d'émancipation et préservation des racines. L'autre constante chez Gus Van Sant est sa propension à vouloir filmer l'adolescence. À hauteur d'homme, sans donner de leçon de moral, sans fioritures... À la différence près que l'histoire racontée ici est empreinte d'une petite musique chaleureuse et pour le moins émouvante. Inflexions rares dans la grammaire d'un réalisateur plus habitué à disséquer ses sujets sous le scalpel froid et sans concession de sa « caméra vérité ».

 

 

Et pour y arriver, point d'artifices hollywoodiens à la Will Hunting ou À la rencontre de Forrester, juste l'envie d'être avec ces deux adolescents et les accompagner vers leur destin si dissemblable mais au final si proche. Une sorte de chassé-croisé de l'existence que Van Sant veut empreinte d'une poésie à la fois surannée mais aussi très ancrée dans une certaine réalité oppressante. Ou comment mettre un peu de baume sur un monde cruel et injuste. Ou comment l'amour peut naître de la rencontre entre une cancéreuse en phase terminale et d'un accidenté de la vie au bord du suicide. L'arc narratif est cristallin (c'est d'ailleurs aussi un reproche car les enjeux étant très vite connus, il faut faire exclusivement confiance à la mise en scène de Van Sant). Il peut même sembler sur le papier ultra pesant et caricatural. La grande force de Restless justement réside dans sa propension à ne jamais tomber dans le pathos ou autres écueils forcément lacrymales. Une réussite aussi due à l'interprétation tout en légèreté de ses deux protagonistes (Mia Wasikowska magnifique de pudeur et Henry Hopper dont c'est le premier film) qui insufflent un vent de douce folie déviante et iconoclaste.

 

Résumé

Et Van Sant de remporter un joli pari, certes pas si risqué que cela compte tenu de la maturité artistique du bougre, mais suffisamment enlevé pour une nouvelle fois provoquer l'enthousiasme voire même l'étonnement. De celui qui veut qu'à chaque nouveau film et sans vraiment avoir l'impression d'y toucher, l'artiste se mette à nu en imprimant sur pelloche (ou en code binaire) son amour de l'autre et sa foi en l'Homme.

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