Critique : La Femme de Gilles
[img_right]femmedegilles2.jpg [/img_right]Tiré du roman éponyme de Madeleine Bourdouxhe, La Femme de Gilles est un film silencieux. Le réalisateur, Frédéric Fonteyne (Une liaison pornographique), pénètre au cur d'une tragédie conjugale et relève le défi de suivre, presque en silence, le mouvement intérieur d'un personnage, Élisa (Emmanuelle Devos). On découvre pas à pas l'évolution de cette jeune femme trompée, passionnément amoureuse de son mari, qui a choisi de se taire. Élisa, qui est avant tout la femme de Gilles, devient ainsi la confidente, le soutien, et même la complice de l'époux infidèle et abandonné. Elle s'épuise à lui donner sa propre force, à lui offrir en sacrifice son élan vital. Le parti pris du silence n'est ici jamais gratuit, il laisse au contraire la voie libre aux émotions ; les sentiments et la passion s'expriment différemment, l'essentiel ne passe pas par les mots mais par les gestes, la sensualité, les soupirs, les regards, l'amour et la lutte physiques
Cette prouesse cinématographique ne serait pas envisageable sans la présence des comédiens exceptionnels, Clovis Cornillac et Laura Smet, mais surtout Emmanuelle Devos, saisissante en femme spectatrice de la passion de son homme pour une autre. Son visage captive à chaque instant et incarne sans relâche les paliers de la lente chute d'Élisa.
Frédéric Fonteyne réalise un film exigeant, une note silencieuse aux images magnifiques, et peint, avec un totale maîtrise, le portrait d'une existence sacrifiée.
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