Annie Hall : critique

Vanessa Aubert | 24 octobre 2007 - MAJ : 28/10/2018 17:18
Vanessa Aubert | 24 octobre 2007 - MAJ : 28/10/2018 17:18

Annie Hall marque la filmographie de Woody Allen qui, après six films, parvient à une construction d'histoire imposant un style particulier. En liant Alvy Singer à Annie Hall, il semble vouloir accéder à davantage de matière en approfondissant des sujets centraux de son oeuvre. Dès l'ouverture, Woody Allen casse les codes narratifs en engageant un monologue face caméra qui donne le ton du film. Au fil des images, il n'aura de cesse de modifier les structures habituelles pour exprimer au mieux son propos.

Ainsi, les flashbacks évoquant l'enfance d'Alvy se feront avec l'immersion d'Alvy adulte dans son passé. Une interaction qui se vérifie aussi dans l'évocation des souvenirs de Annie et de ses divers petits amis. Le cinéaste étonne avec sens en actualisant ainsi le passé. Présupposée par le monologue d'ouverture, la relation avec le public se fortifie avec des interpellations directes du spectateur. Instant jouissif lorsque Allen sort Marshall MacLuhan (important théoricien de la communication) de derrière les panneaux pour attester des propos insensés d'un spectateur.

 

 

 

C'est donc le hors champ qui surprend, le hors champ qui est l'action de la scène et qui sera l'une des marques de fabrique d'Allen. On entend la voix avant de voir le personnage et on en vient à scruter les plans pour trouver où est Woody. Loin d'un simple gadget, cela permet au cinéaste d'user de son pouvoir de metteur en scène en mettant un coup de projecteur sur ce qu'il souhaite. Une manipulation agréable qui révèle un véritable talent à filmer et une connaissance du cadre qui sera attesté dans les oeuvres qui suivront. Annie Hall permet également au cinéaste de filmer sa ville en tournant dans ses parcs, ses rues, ses restaurants, ses lieux de vie qui offrent de grandes occasions de poser la discussion. À l'opposé son aversion pour la côte ouest des États-Unis est révélée par l'indignation d'Alvy-Woody face à la superficialité des habitants de Los Angeles. Film majeur de la filmographie du réalisateur, Annie Hall est un savant mélange d'humour et de profondeur porté par un couple Allen-Keaton fonctionnant à merveille, cette dernière faisant preuve d'une justesse de ton et d'une authenticité rare.

 

 

Résumé

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