Critique : Guerre et amour

Vanessa Aubert | 24 octobre 2005
Vanessa Aubert | 24 octobre 2005

Après la science-fiction (Woody et les robots), c'est au film historique que s'attaque Woody Allen pour exploiter son humour sous un angle différent. Début du XIXème siècle, nous voici plongés dans la Russie des tsars et dans le large cercle familial de Boris Grushenko alias Woody Allen. Une fois encore c'est à un anti-héros que le cinéaste prête ses traits, un jeune fils de paysans dont l'engagement dans la guerre signifie plus la mort que l'amour de la patrie. Sans grande conviction, Boris se retrouve sur les champs de bataille où les pom-pom girls et vendeurs de friandises se faufilent entre les tirs des canons. Woody Allen parvient à tourner en dérision des actes dits de bravoure en suivant la vie de Grushenko et l'évolution de cet apprenti soldat dans le temps. L'intrigue principale n'est pas sans rappeler celle du roman de Tolstoï Guerre et paix dont le film s'inspire clairement par son titre français. Pourtant il semble que l'hexagone ait clairement voulu pointer le doigt sur ce rapprochement en détournant le titre original plus subtilement nommé Love and Death.

Amour et mort, il en est effectivement question puisque Woody Allen intègre les épopées amoureuses propres au romantisme russe avec le personnage de Sonja (Diane Keaton) dont Boris est amoureux. Il exploite même à outrance ces inextricables liens du coeur lorsque Sonja écoute sa cousine expliquer les tourments dont elle est victime. Mais Guerre et amour permet au cinéaste d'aborder de façon plus profonde la mort qui l'obsède tant. En évoquant ce contexte de conflits précis, il confronte son personnage au pouvoir de donner la mort aux anonymes comme aux puissants (Napoléon) : abattre des soldats en masse, tuer en duel ou assassiner par surprise le conquérant français. Allen choisit un Boris innocent pour porter un regard pur sur ce qui, pour lui, relève de l'absurde. Au comble de cette théorie, la scène finale de danse avec la Mort blanche offre un échantillon de la profondeur et de la poésie des films qui suivront.

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