Rabbit Hole : critique

Laurent Pécha | 13 avril 2011 - MAJ : 25/06/2018 15:04
Laurent Pécha | 13 avril 2011 - MAJ : 25/06/2018 15:04

« Les histoires (qu'on nous raconte) sont des outils. Pour certaines personnes, c'est le rôle de la religion. Mais pour la plupart d'entre nous ce sont les films, livres,... Vivre cette expérience (comme dans le film) avec cette poésie du film, c'est un processus de purification (catharsis chez les grecs). C'est un moyen de vivre à proximité, une sorte d'exercice de vie. Les films qui reflètent cet état d'esprit sont nombreux mais le résultat est soit trop mélodramatique soit d'une grande (froideur). Je voulais éviter de tomber dans ce piège.  C'est un film ouvert au public avec beaucoup d'humour et  il est aussi porteur d'espoir. Mais, en même temps, d'une grande intensité. »

Difficile d'évoquer Rabbit hole avec plus de justesse tant les mots de son réalisateur, John Cameron Mitchell, résonnent encore longtemps dans notre tête après avoir découvert son troisième film.

Adaptant une pièce de théâtre, domaine où il excelle, le cinéaste évite tous les pièges d'un récit qui pourtant en regorgeait. Il était effectivement très facile avec un sujet aussi dur que la captation d'un mariage qui se disloque suite à la mort accidentelle du jeune enfant du couple, de faire dans le récit tire-larmes et foncer tête baissée dans le pathos le plus dégoulinant.

 

 

Réalisateur aussi versatile que sensible et qui prend son temps pour choisir ses projets (3 films en 10 ans), Mitchell a su parfaitement comprendre que la sobriété était sa principale alliée. Mais cette sobriété est loin d'être l'atout maître de Rabbit Hole. La réussite cinglante du film vient avant tout de la capacité de tous d'avoir su comprendre parfaitement les dilemmes d'un tel drame. En œuvrant en tant qu'artiste dans le sens le plus noble du terme, Mitchell et son équipe n'ont eu de cesse de transcender leur sujet pour atteindre une sorte de vérité filmique totalement bouleversante.

 

 

Au cœur du drame, Nicole Kidman et Aaron Eckhart sont les instruments magnifiques de nos poignantes émotions intimes. Dire que les deux comédiens jouent à la perfection est sans doute le plus doux des euphémismes. Ils forcent constamment le respect le plus noble d'avoir été capables d'aller chercher des interprétations aussi sincères et habitées. Autour d'eux, les autres comédiens sont à l'unisson pour compléter magnifiquement les tourments d'un drame qui ne touche pas seulement les parents, bien au contraire.

Captés avec une pudeur inouïe par Mitchell, ces êtres brisés luttent dignement pour tenter comme ils peuvent de trouver un nouveau chemin à leur existence, que cela soit seul ou ensemble. Et le spectateur de contenir, en vain, son émotion, devant un tel voyage personnel qui devient le temps d'un film, universel. 

 

Résumé

Il y a des films qui vous aident profondément à mieux appréhender le monde qui vous entoure : Rabbit hole est de ceux là. Tout simplement splendide !

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