True Grit : critique

Sandy Gillet | 4 février 2011 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Sandy Gillet | 4 février 2011 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Paru en 1968, le roman True Grit signé Charles Portis devint instantanément un classique et un best seller. Et c'est donc très rapidement qu'Hollywood s'y intéressa avec dans la foulée un film au titre éponyme et traduit chez nous en un 100 dollars pour un shérif pas très heureux mais ultra mémorisable. Il reste aujourd'hui comme le symbole d'un western d'arrière garde forcément sur le déclin et porté par celui qui symbolise le genre à lui tout seul : John Wayne qui obtint d'ailleurs ici son unique Oscar pour sa prestation du vieux Marshall alcoolique et bourru, Rooster Cogburn.

On peut se demander quelle mouche a piqué les frères Coen de vouloir revenir sur ce qui est considéré outre-Atlantique comme un film générationnel, mythique, familial et très populaire. Réalisé en 1969 au plus fort de l'intervention américaine au Viêt-Nam, le film d'Hathaway véhiculait en effet des thématiques et un message très conservateur limite propagandiste sur la grandeur d'un pays dont les fondations sont saines et fortes (lui donnant donc le droit de porter la bonne parole au-delà de ses frontières). Forcément, vouloir refaire aujourd'hui True Grit n'a pas la même portée, voire aucune portée du tout.

 

photo, Hailee Steinfeld

 

De fait on cherchera vainement la relecture moderne que les frères Coen ont voulu donner à cette histoire classique de vengeance par personne interposée. Il y est en effet question d'une jeune fille de 14 ans qui n'a pas froid aux yeux et qui embauche un Marshall reconnu pour son cran (le fameux grit en VO) afin de ramener mort ou vif le meurtrier de son père qui s'est réfugié très loin en territoire indien. Tout le sel de la chose repose alors sur la confrontation entre ces deux personnages qui vont donc chevaucher ensemble dans un milieu sauvage et dangereux. Un troisième larron les accompagnera en la personne d'un Texas Ranger nommé LaBoeuf à l'imagerie « farwestien » assumée rappelant en cela le Buffalo Bill et les indiens d'Altman joué par Paul Newman.

 

 

photo, Hailee Steinfeld, Jeff Bridges

 

Moins présent que dans la version d'Hathaway, il est lui aussi à la recherche du même homme mais pour un autre crime. Interprété par un Matt Damon iconoclaste dont on sent le plaisir à être là, il réussit de surcroît le tour de force à définitivement ancrer la prestation de Jeff Bridges dans une réalité plus brutale même si l'acteur en fait parfois des tonnes à l'instar d'ailleurs d'un John Wayne qu'il parvient sans problème à égaler. En face on trouve Hailee Steinfeld dont c'est ici le premier rôle dans un long de cinéma, qui elle aussi soutient avec le même aplomb la comparaison avec l'actrice Kim Darby dans le rôle de la petite Mattie Ross.

 

 

photo, Josh Brolin

 

Si l'on cherche en vain la portée réelle de cette relecture, il est impossible de ne pas en apprécier la fonction hautement divertissante portée par une réalisation racée, savoureuse et très efficace. Comme souvent (toujours ?) avec les frères Coen nous dira-t-on ! Certes. En fait le plus simple serait d'y voir une brillante volonté de se fondre dans un genre noble (voire le plus noble aux Etats-Unis) sans chercher forcément à en pervertir les codes comme c'est dorénavant la coutume, voire la norme, mais sans non plus renier son cinéma. Ce que True Grit, western régalien et profondément classique s'il en est, démontre à merveille sans plus d'ambitions que de plaire au plus grand nombre. Pari gagné !

 

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