Critique : Notre musique

Nicolas Thys | 18 novembre 2007
Nicolas Thys | 18 novembre 2007

La qualité et le défaut de JLG est qu'il ne cherche pas à s'adapter au public. Qualité car il se permet certaines choses que d'autres n'oseraient pas, ne se préoccupant que de son discours, risquant certaines allusions et références très pointues, utilisant certains noms importants mais méconnus sans se demander si la grande majorité des spectateurs, qui de toute manière oublie de voir ses films, comprendra. Défaut car à force d'évocations non explicites, cette immense majorité peut se sentir exclue, ne saisissant pas immédiatement chaque élément important comme dans la majorité des œuvres cinématographiques.

Un exemple. Au générique un nom perdu entre le producteur et le directeur artistique, signale, comme s'il avait participé au film : Mémoire - Elias Sanbar. Cette simple désignation en dit long. Historien militant, poète et directeur de la revue Etudes Palestiniennes, il a également participé à un magnifique entretien filmé avec Serge Daney sur l'image et la mémoire, deux thèmes fétiches de Godard, en 1993. Tout est dit : le film parlera donc de la guerre et de l'engagement, de l'Histoire et la mémoire, des images et du cinéma, le tout sur fond de Palestine, de poésie, de mort et de dissensions avec Israël.

Découpé en trois parties, l'enfer, le purgatoire et le paradis, la première est la plus facile d'accès. Une dizaine de minutes au cours desquelles, reprenant le chemin de ses Histoire(s) du cinéma, il assemble et triturent des images d'archives et des extraits de films créant une matière belliqueuse étrange et macabre. La seconde, la plus ardue, montre le parcours d'une étudiante en cinéma s'interrogeant sur ce conflit et ses conséquences funestes. Godard y figure ainsi que de nombreuses personnalités dans leur propre rôle, occasion de revenir sur quelques massacres du siècle passé telle cette séquence aussi sublime qu'inattendue où deux peaux-rouges interrogent un scribe aux cheveux blancs dans une bâtisse ancienne. La dernière, le Paradis, très courte, fait échos aux deux autres. Si l'enfer c'est la guerre, le purgatoire l'interrogation, le paradis enfin, c'est l'union.

Résumé

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