Red : critique des vieux de la vieille

Florent Kretz | 12 mars 2016
Florent Kretz | 12 mars 2016

Bruce Willis, Morgan Freeman, John Malkovich, Helen Mirren… Avec son casting quatre étoiles et son scénario de BD vitaminée, il serait bien difficile de faire la fine bouche avec ce Red (Retraités Extrêmement Dangereux), adaptation plus ou moins fidèle du comic book du duo Warren Ellis / Cully Hamner. 

Repris et allongé par Erich et Jon Hoeber, responsables du très moyen Whiteout, Red prend un peu de volume et parvient à dépasser la petite soixantaine de pages qui composait la minisérie pour ainsi devenir un long-métrage de près de deux heures. Misant avant tout sur son casting et le capital sympathie de ses stars plutôt que sur son fond, Red s‘impose instantanément comme un divertissement honnête, timidement décomplexé et plutôt bien troussé. Et à vrai dire, c’est un peu tout ce qu’on lui demande ! Du coup, le teuton Robert Schwentke (Flight plan, Hors du temps) fait le minimum et s’applique à mettre en valeur ses vedettes comme il se doit et sur un rythme effréné : ainsi, Willis bourrine et Malkovich cabotine tandis que Mirren apporte un peu de charme à l’entreprise sous l’œil sage de Freeman.

 

 

La petite bande est bientôt rejointe par Brian Cox, génial en espion russe nostalgique et romantique, et dont l’absence sur l’affiche aux côtés des quatre autres est assez incompréhensible. Dans leur aventure, ils croiseront une pléiade de seconds couteaux, sales gueules irrésistibles allant du vétéran Ernest Borgnine à l’oublié James Remar en passant par les grimaçants Richard Dreyfuss et Julian McMahon, venus cachetonner pour des rôles de méchants débiles ! Enfin la ravissante Mary-Louise Parker et Karl Urban viennent boucler le casting : si la première s’en sort de justesse avec un rôle assez ingrat (en un mot : faire-valoir !), Urban, lui, est égal à lui-même, inexpressif au possible dans les séquences dramatiques mais redoutable dans les nombreuses scènes d’action.

 

 

A ce titre, sa confrontation contre Willis, seul véritable corps à corps du film, est particulièrement musclée et jouissive donnant malheureusement un trop bref aperçu de ce qu’aurait pu être Red : le temps de deux / trois baffes et de quelques meubles dans la face, on aura retrouvé l’énergie des Die hard et autres Arme fatale… Car finalement, Red, même s’il accumule non-stop les fusillades et les explosions en tous genres, fait un peu office de pétard mouillé : beaucoup de bruit pour un résultat certes parfaitement divertissant mais plutôt inoffensif. Bien fichu et assez amusant, le métrage de Schwentke semble, hélas, beaucoup plus être guidé par l’humour et la bonne humeur d’un film de potes que concerné par les enjeux de son histoire. Aussi le film s’apparente donc bientôt à une succession de péripéties déridantes mais pas pour autant captivantes, et ce même s’il est toujours jouissif de voir quelques flingages en règles.

 

Résumé

Privilégiant la comédie et l’art du mauvais goût (les transitions en carte postale sont particulièrement hideuses) au sérieux de son intrigue, Red lorgne du coup beaucoup plus du côté de tous ces Mr. and Mrs. Smith et Night and day qu’aux films auxquels ils tentent de faire référence. Sorte d’hommage au feu qui enflammait et qui brûle encore au cœur des actionners d’antan, Red est finalement ce qu’il prétend et rien de plus : le rassemblement de quelques vieux de la vieille venus jouer à tuer du bad guy. Mais comme on dit : tuer n’est pas jouer…

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