Boogie Nights : Critique

Thomas Messias | 25 février 2008
Thomas Messias | 25 février 2008

Impossible à la vue de Boogie nights d'accepter que son auteur est un jeune type de 26 ans. Le deuxième film de Paul Thomas Anderson (après le prometteur Hard eight) est un coup de maître absolu, le premier grand film d'une filmographie encore réduite (There will be blood n'est "que" son cinquième long) mais déjà mémorable. Stupéfiante de maîtrise et de maturité, cette gigantesque saga disco et porno est aussi membrée que son personnage principal. Boogie nights transpire l'amour démesuré porté par PTA au septième art ainsi qu'à la pornographie des seventies, plus cheap mais plus classe que celle des années 2000, et dont il fut de son propre aveu un consommateur frénétique.

 

 

Si le schéma narratif n'est pas neuf (envolée vers la gloire puis descente aux enfers), la construction ambitieuse d'Anderson fait de Boogie nights un film incomparable, si ce n'est aux grandes fresques de Scorsese. On est cependant bien loin du plagiat dont ceux qui n'ont pas revu le film depuis sa sortie sont toujours convaincus : à part quelques mouvements de caméra explicitement empruntés au grand Marty, Paul Thomas Anderson n'a besoin d'aucun modèle et compose notamment des plans-séquences hallucinants, qui retranscrivent avec justesse et passion l'exaltation ambiante qui animait une époque où tout semblait simple et possible. Lorsque dans sa deuxième partie le film vogue vers des thématiques plus sombres, il prend le pari de ne pas modifier sa mise en scène d'un iota, empêchant ainsi le film de tomber dans le mélodrame et favorisant encore et toujours l'aspect ludique de l'ensemble.

 

 

Auteur accompli, metteur en scène doué, Anderson semble avoir été touché par la grâce, puisqu'il s'avère être également un brillant directeur d'acteurs. Il tire le meilleur d'un casting foisonnant et étincelant, d'où émergent notamment Burt Reynolds en producteur sachant y faire, Julianne Moore en porno star vivant intensément jusqu'à l'éclatement, et William H. Macy dans un rôle secondaire mais hilarant de mari cocu. Sans oublier l'ex New Kid on the Block, Mark Wahlberg, pleinement à l'aise dans ce parterre de star. Il donne à Boogie nights son sel et sa sève, jusqu'au tout dernier plan du film, dans lequel son personnage se met à nu au propre comme au figuré. Ultime émotion suscitée par une œuvre d'une rare puissance.

 

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