Critique : Poetry

La Rédaction | 20 mai 2010
La Rédaction | 20 mai 2010

Avec Poésie, Lee Chang-dong revient en compétition à Cannes, 3 ans après Secret Sunshine, véritable chef d'œuvre qui s'il ne lui a pas valu la Palme, à quand même permis à Jeon Do-yeon (laquelle est cette année l'héroïne du remake de The Housemaid par Im Sangsoo) de remporter le prix de la meilleure actrice. Après un tel tour de force, on se pose légitimement la question de savoir si Lee Chang-dong est capable de se hisser encore à ce niveau.

Poésie est un formidable film mais n'a quand même pas la même intensité que Secret Sunshine. Les deux films se ressemblent d'un point de vue esthétique mais n'ont sinon rien à voir. Le cinéaste nous a déjà habitué aux sujets difficiles mais toujours traités avec une certaine sensibilité, une grâce toute poétique. Lee Chang-dong s'intéresse avant tout aux laissés pour compte de la société, ceux que l'on ostracise, qu'ils soient handicapés (Oasis) ou simplement, comme ici avec Poésie, vieux.

L'héroïne (Mija) est une vielle femme qui élève seule son petit-fils . Elle semble en forme mais apprend vite à l'hopitâl qu'elle commence d'être rongée par la maladie d'Alzheimer. Elle s'inscrit à un atelier de poésie, autant pour lutter contre l'inéluctable que pour satisfaire une curiosité rangée au placard. Son petit-fils est lui bientôt accusé avec quelques uns de ses amis d'avoir violé une camarade de lycée, laquelle s'est suicidée en se jetant d'un pont.

Le personnage de Mija rappelle celui de Mother de Bong Joon-ho. Elles sont deux mères courages qui se démènent pour sauver leur protégé de la sanction impitoyable correlée à ce dont ont les accuse. Ainsi, comme Kim Hye-ja dans Mother, Yun Junghee est de tous les plans. Le film tient donc entièrement sur ses épaules. Le personnage est tant admirable que l'on adhère facilement à son parcours et à l'histoire.

A travers le portrait de Mija, Lee Chang-dong réussit un film absolument magnifique sur l'isolement et la solitude des vieilles personnes. Poésie est plus doux, moins intense et violent que ses précédents films, et c'est d'abord en cela qu'il se démarque. En revanche, sa sensibilité poétique, carrément renvendiquée étant donné le titre, s'affirme davantage et nous touche, jusque dans un final bouleversant et ouvert aux interprétations de chacun.

Benoît Thevenin

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