Critique : 8 fois debout

Sandy Gillet | 13 avril 2010
Sandy Gillet | 13 avril 2010

Le premier long de Xabi Molia, plus connu jusqu'ici pour ses activités de romancier, entreprend de décrypter à sa façon cette frange un peu grise de notre société : ni complètement marginale ni tout à fait active (entendre par là pour celle à qui s'adressait le « travailler plus pour gagner plus »). Elle (Julie Gayet crédible dans ce rôle un peu à contre-emploi), vit de petits boulots au black et ne paye plus la location de son appart depuis longtemps. Lui (Denis Podalydès égal à lui-même), sorte de Tryphon Tournesol sans génie, est son voisin de palier et partage les mêmes déboires.

Tous d'eux vont se tourner autour le temps d'un film qui va les réunir et les désunir dans une sorte de ronde scénaristique sans fin illustrée par cette maxime : « Sept fois à terre, huit fois debout » dont le titre du film s'en sert en partie. C'est aussi et surtout un peu leur credo. Ne jamais baisser les bras même si au jour le jour la lassitude et la fatalité sont de plus en plus prégnantes. Mais Elsa a un but qui l'empêche de sombrer : récupérer la garde de son fils. Ce pourquoi il lui faut un CDI, plus que jamais sésame de tous les bonheurs en ces temps de crise aigue.

Tout le propos (ambitieux) de Molia est donc d'arriver à faire coexister la perte progressive des repères « normaux » (les séquences d'errance dans la forêt comme substitut matériel et moral) pour les remplacer par des codes en propre fabriqués et érigés comme nouveaux principes de vie. S'il n'y arrive pas vraiment, il n'en reste pas moins que son film touche au plus près de la solitude humaine de nos sociétés dites évoluées. En cela, il vise juste, sans misérabilisme mais sans espoir non plus.

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