Paranormal Activity : Critique

Thomas Messias | 31 octobre 2009
Thomas Messias | 31 octobre 2009

Sept jours de tournage. Une maison pour seul décor. Deux acteurs. Onze mille dollars de budget, pour des dizaines de millions de recette. Tout cela au prix d'un buzz savamment orchestré - dont une bande-annonce plus tournée vers le public que vers le film. D'où deux interrogations primordiales, qui brûlent les lèvres des amateurs du genre. Primo, Paranormal activity vaut-il tout ce tapage ? Secondo, est-il le film le plus effrayant de ces dernières années ? La réponse est la même pour les deux questions, et fait presque l'unanimité : non. Quelques spectateurs trop fragiles et une bande-annonce bien ficelée auront suffi à créer cette folle rumeur de film-phénomène.

Mais voilà : si Paranormal activity est un pétard mouillé, cela ne l'empêche pas d'être un objet passionnant. Ce petit cousin de Projet Blair witch, de [Rec] et des autres est de loin le plus réaliste et le plus minimaliste du lot, donc forcément l'un des plus crédibles. En poussant toujours plus loin la logique de la vidéo amateur, le film d'Oren Peli atteint un degré d'intimité et de proximité avec un couple auquel il n'est pas difficile de s'identifier. Dès lors, leur calvaire est le nôtre, celui-ci résidant principalement... dans l'attente. Car, ayant très vite terminé de douter de l'existence d'un phénomène paranormal autour de madame, le couple en est réduit à patienter, encore et encore, au gré de nuits pas tranquilles au cours desquelles il ne se produit souvent rien. Sauf exception. La force de Paranormal activity est là : exploiter à fond les mécanismes de frustration chez le spectateur - qui a payé sa place et souhaite en avoir pour son argent - et chez ses deux anti-héros - qui espèrent autant qu'ils redoutent la prochaine irruption de cette force qui leur pourrit la vie.

 


Dans la chambre où se déroule la majeure partie du film, on guette chaque ombre, chaque mouvement, comme un môme persuadé qu'un monstre est dissimulé sous son lit. De fait, chaque porte qui claque est une récompense et un pas de plus vers une terreur dont le climax, c'est un comble, interviendra des heures après la fin du générique. Paranormal activity ne fait pas dans la peur immédiate, mais vise modestement plus loin que cela : c'est un film qui, avec deux bouts de ficelle, peut vous pourrir un certain nombre de nuits et vous contraindre à dormir avec la veilleuse. Ce que ne font pas nos deux protagonistes, qui restent curieusement tapis dans le noir alors que toute personne sensée laisserait la lumière allumée toute la nuit. Aveuglement volontaire, fascination inconsciente ou pure bêtise de leur part ? Beaucoup risquent de trancher un peu précipitamment. D'autres laisseront un doute insidieux s'installer et vivre après un film facile à détester mais qui, pour peu qu'on accepte ses succulents partis pris, se révèle bien plus riche qu'il n'y paraît. (3,5/5)

 

 

NDRC : Il était prévu de publier une critique négative de cette arnaque filmique qu'est Paranormal activity mais Thomas a parfaitement enrobé tous les arguments négatifs dans son solide et convaincant (quand on n'a pas vu le truc qui sert  de film) argumentaire. On se contentera d'écrire que l'homme qui a su si bien défendre son bout de gras, est aussi l'homme qui trouve que L'Exorciste est une bouse qui ne fait même pas peur. A vous de juger... Pour ma part, je retourne flipper devant Linda car un drap qui se lève, une porte qui claque, une présence invisible qui salit partout en marchant dans du talc ou un démon qui allume la lumière avant d'aller faire pipi, ça ne me fera JAMAIS grimper le tensiomètre. (0,5/5)

 

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