Critique : Jeannot l'intrépide

Hongrois émigré, comme son compatriote George Pal : merveilleux marionnettiste qui enchanta longtemps Hollywood à la télévision comme au cinéma, Jean Image s'est établi en France dans les années 1930 et a commencé comme cinéaste publicitaire. Loin de passer au second plan comme aujourd'hui, la publicité fût l'occasion pour nombre d'animateurs à l'époque d'expérimenter de nouvelles formes courtes. Mais si on se rappelle encore de Jean Image c'est d'abord pour ses séries et un film comme Jeannot l'intrépide.

Réalisé en 1950 et primé à la Mostra de Venise, Jeannot l'intrépide est connu pour être le premier long-métrage d'animation français de dessins animés. Inspiré du Petit poucet et d'autres contes, ce film possède toutes les caractéristiques des histoires pour les plus jeunes et des dessins animés les plus célèbres : un ogre, des enfants, une forêt, un château, des animaux ou des insectes et un certain nombre de chansons, souvent très drôles même si elles sembleront un peu datées. S'il plaira forcément aux enfants, on ne peut nier l'écart entre ce premier long-métrage et l'animation des grands studios hollywoodiens classiques. Ici, le mouvement est souvent moins fluide et moins construit, les ellipses plus importantes et l'enchainement des plans parfois imprécis.

Néanmoins, s'il n'est pas non plus aussi abouti que le sont les œuvres de Paul Grimault à la même époque, il possède certaines qualités et quelques moments magiques. Jeannot plaira déjà aux cinéphiles nostalgiques qui verront dans ses traits une ressemblance (fortuite mais bien présente) avec le protagoniste de la défunte publicité Jean Mineur. Mais surtout, certaines séquences font merveille. L'arrivée au château, notamment, impressionnera plus d'un spectateur. Ici, le trait parfois imprécis avant devient une qualité qui permet des déformations majestueuses et la création d'un nouvel espace imaginaire des plus périlleux. Idem pour la danse des abeilles.

Pour un premier essai dans le long, s'il en ressort une impression mitigée, c'est tout de même une petite réussite.