Critique : Parque vía

Thomas Messias | 17 juillet 2009
Thomas Messias | 17 juillet 2009

Par bien des aspects, Parque vía rappelle El custodio, dans lequel Rodrigo Moreno contait la solitude et le quotidien ritualisé d'un garde du corps condamné à passer sa vie dans l'attente. Ici, le schéma est globalement le même pour Beto, gardien d'une maison de Mexico inhabitée depuis des années mais conservée par sa richissime propriétaire. Les jours se suivent et se ressemblent pour cet homme qui commence à se faire vieux : récurer encore et encore la belle baignoire en mosaïque, préparer son repas, repasser sa chemise du lendemain. La mise en scène d'Enrique Rivero nous fait peu à peu comprendre que Beto voit la maison comme un berceau et un tombeau, bref le lieu-clé de son existence.


Même si l'ennui de son héros devient çà et là un peu trop communicatif, Parque vía est une description assez intéressante de l'éclatement soudain de la bulle d'un homme enfermé dans une routine pas loin d'être maladive. L'évènement déclencheur de la chute de Beto est l'annonce de la vente prochaine de la maison, et par conséquent son limogeage. Autant dire qu'un monde s'écroule pour celui qui s'est donné corps et âme pour ce lieu, ne restant plus en communication qu'avec sa propriétaire ainsi qu'avec une femme dont il a fait sa maîtresse. Le film va alors suivre le lent glissement de cet homme, et Rivero fait longtemps preuve d'un certain doigté pour décrire sa détresse, celle-ci se traduisant dans d'imperceptibles modifications de son comportement et de son planning.


Malheureusement, et c'était hélas prévisible, le film finit par sombrer subitement dans le fait divers sordide, comme c'était déjà le cas dans El custodio. Comme si une oeuvre mutique sur l'ennui ne pouvait conserver sa ligne directrice jusqu'au bout et devait forcément se terminer par une scène choc. Les âmes sensibles auront le coeur au bord des lèvres durant quelques secondes de par la violence soudaine et non dissimulée de cette conclusion, mais le résultat ne va guère plus loin que ce choc ponctuel. Les dernières images, laconiques et ironiques, viendront heureusement contrebalancer ce qui aurait pu être une très mauvaise dernière impression.

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