Critique : Parque vía
Par bien des aspects, Parque vía rappelle El custodio, dans lequel Rodrigo Moreno contait la solitude et le quotidien ritualisé d'un garde du corps condamné à passer sa vie dans l'attente. Ici, le schéma est globalement le même pour Beto, gardien d'une maison de Mexico inhabitée depuis des années mais conservée par sa richissime propriétaire. Les jours se suivent et se ressemblent pour cet homme qui commence à se faire vieux : récurer encore et encore la belle baignoire en mosaïque, préparer son repas, repasser sa chemise du lendemain. La mise en scène d'Enrique Rivero nous fait peu à peu comprendre que Beto voit la maison comme un berceau et un tombeau, bref le lieu-clé de son existence.
Même si l'ennui de son héros devient çà et là un peu trop communicatif, Parque vía
est une description assez intéressante de l'éclatement soudain de la
bulle d'un homme enfermé dans une routine pas loin d'être maladive.
L'évènement déclencheur de la chute de Beto est l'annonce de la vente
prochaine de la maison, et par conséquent son limogeage. Autant dire
qu'un monde s'écroule pour celui qui s'est donné corps et âme pour ce
lieu, ne restant plus en communication qu'avec sa propriétaire ainsi
qu'avec une femme dont il a fait sa maîtresse. Le film va alors suivre
le lent glissement de cet homme, et Rivero fait longtemps preuve d'un
certain doigté pour décrire sa détresse, celle-ci se traduisant dans
d'imperceptibles modifications de son comportement et de son planning.
Malheureusement,
et c'était hélas prévisible, le film finit par sombrer subitement dans
le fait divers sordide, comme c'était déjà le cas dans El custodio.
Comme si une oeuvre mutique sur l'ennui ne pouvait conserver sa ligne
directrice jusqu'au bout et devait forcément se terminer par une scène
choc. Les âmes sensibles auront le coeur au bord des lèvres durant
quelques secondes de par la violence soudaine et non dissimulée de
cette conclusion, mais le résultat ne va guère plus loin que ce choc
ponctuel. Les dernières images, laconiques et ironiques, viendront
heureusement contrebalancer ce qui aurait pu être une très mauvaise
dernière impression.
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