Machete Critique : Machete

Laurent Pécha | 21 septembre 2010
Laurent Pécha | 21 septembre 2010

Robert Rodriguez l'avoue lui-même : il a fait Machete pour Danny Trejo, son grand pote qui lui doit presque tout, et pour tous les fans qui lui réclament le film depuis la diffusion de la fausse bande-annonce dans Grindhouse (ou Planète terreur selon l'endroit d'exploitation). Un projet sous forme de remerciements et d'une volonté de faire plaisir, voilà en tout cas des arguments difficilement attaquables et l'espérance de passer un sacré bon moment. D'autant que de la bande-annonce originale à celle du film proprement dit, les images promettaient un spectacle régressif totalement assumé. Malheureusement, Machete ressemble à tous ces films américains où la bande-annonce laisse espérer des promesses qui ne seront jamais tenues. Le meilleur de Machete réside effectivement dans ce que l'on a pu déjà voir avant d'entrer dans la salle. Hormis quelques rares punchlines  savoureuses (« Machete n'envoie pas de texto »), un saut d'un étage à l'autre grâce à l'intestin de son adversaire et deux ou trois babioles du genre, Machete se contente de préparer en douceur (le rythme est étonnamment mou) les divers climax qui existent dans le faux trailer tout en tentant de palier le manque de péripéties par l'accumulation de nouveaux personnages.

 

 

A ce titre, la politique de la générosité chère à Rodriguez est loin d'être concluante : l'accumulation de noms prestigieux conduit vite ici à la frustration, tant toutes ces stars ont du mal à tirer durablement la couverture à eux pour que l'on prenne un vrai plaisir à les voir cabotiner. Trop de méchants (De Niro, Seagal, Fahey et Johnson, un quatuor qui aurait mérité d'être coupé en deux). Trop d'intrigues secondaires bâclées pour faire exister les sexy et plantureuses recrues féminines (Rodriguez, Lohan, pourtant bien drôle dans sa capacité à manier l'auto-dérision, et même Alba malgré un rôle plus conséquent).

 

 

Et puis, il y a ce côté plus sérieux du cinéaste qui sous couvert d'un film de pure exploitation, veut se la jouer artiste engagé et dénoncer les problèmes d'immigration qui ont toujours touché les USA et le Mexique depuis des décennies. En faisant de son Machete une version mexicaine de Shaft, Rodriguez ne fait qu'alourdir un récit qui n'en demandait pas tant. D'autant plus dommage qu'iconiquement, Danny Trejo n'a rien à envier à son prédécesseur black des 70's. Mais le « mexico-exploitation » que son auteur a voulu faire, est loin d'être concluant. Pour tout dire, on a la furieuse impression d'assister à ce qui aurait pu donner un Planète terreur 2... pour se retrouver avec Desperado 2 !

 

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