Critique : La Maison de Nina

Magali Cirillo | 7 octobre 2005
Magali Cirillo | 7 octobre 2005

La Maison de Nina est le dernier film de Richard Dembo. Le réalisateur est hélas décédé alors même que le montage n'était pas tout à fait terminé. Il n'avait rien tourné depuis douze ans et L'Instinct de l'ange. Autant dire que ce projet lui tenait à cœur et on le comprend. Car cette histoire, si elle reste une fiction, est inspirée de faits réels. Elle s'attache à raconter un pan méconnu de la Libération, un petit bout du passé dont on ne parle presque pas. Une femme, une maison, un groupe…cela suffit à lever le voile sur le sort réservé à ces enfants juifs, cachés pendant la guerre ou rescapés des camps, orphelins pour la plupart.

Avec un tel sujet, on pouvait croire à une indigestion de sentimentalisme, à une overdose de larmes, à un trop-plein de douleur pour un seul film. Pourtant, si l'horreur et la tragédie ne sont pas occultés, La Maison de Nina reste un film optimiste, tourné vers l'avenir. Les enfants traumatisés essaient de se reconstruire, de retrouver un peu d'espoir tant bien que mal. Tous sont en quête d'identité. Pour y parvenir, certains s'accrochent à la religion, d'autres à la politique et à la pensée communiste. Très vite les deux groupes s'affrontent, parfois violemment. Nina, elle, comprend leur besoin de repères. Nina comprend toujours. Forte, courageuse, elle donne.

Dans ce rôle, Agnès Jaoui arrive à composer un personnage juste, tout en retenue. Un personnage qui n'a pas d'autre choix qu'avancer. La scène où elle découvre les premières images filmées des camps de concentration (qui n'est pas sans rappeler l'une des scènes du film Amen de Costa-Gavras) résume à elle seule l'essence du film : pudeur et émotion. Le reste du casting est lui aussi irréprochable, avec en prime un Michel Jonasz en peintre généreux et un Gaspard Ulliel méconnaissable. Quant au jeune Alexis Pivot (Jean), on espère revoir sa bouille très prochainement dans d'autres films.

Richard Dembo aurait pu être fier de cette dernière œuvre, qu'il a d'ailleurs dédié à son fils : sa Maison de Nina est un film qui évite tout pathos et adopte un ton juste et émouvant susceptible de faire coulers les larmes des spectateurs les plus sensibles.

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