Critique : In the loop
Vous ne comprenez rien à la géopolitique ? Pas bien grave : les auteurs d'In the loop n'ont pas spécialement l'air d'en savoir plus que vous. Bien que se déroulant dans les coulisses du pouvoir, le film d'Armando Iannucci n'a en effet aucune vocation pédagogique, ou presque : il s'agit avant tout d'exploiter le monde des clos blancs à des fins de comédie. Prolongement d'une série déjà réalisée par le même Iannucci et écrite par la même équipe, le film ressemble à une transposition de la série The office dans le monde politique. Mêmes crétins persuadés d'être les rois du monde. Mêmes jeunes paons faisant la roue pour séduire leurs collègues. Même liberté de réalisation, avec cette caméra sautillante qui vient coller au plus près des personnages et des situations.
La vedette de In the loop
? Le dialogue écrit par Ian Martin, qui bat sans doute le record de
grossièretés débitées à la minute, dans un élan de frénésie
humoristique franchement dévastateur. Les acteurs se régalent, à
commencer par la révélation Peter Capaldi dans le rôle du directeur de
la communication du Premier Ministre. Gérant ses troupes à la façon de
R. Lee Ermey dans Full metal jacket,
il se livre à des monologues orduriers et provocateurs dont la
puissance comique peut provoquer quelques fuites urinaires. Face à lui,
du trop rare Tom Hollander (en ministre boulet) au légendaire James
Gandolfini (dans un second rôle de poids), tous les interprètes sont
absolument épatants, la personnalité de chacun ouvrant toujours de
nouvelles pistes comiques.
On n'apprend pas grand chose, d'autant
que l'ennemi dont parlent britanniques et américains n'est pas
identifié - on a bien quelques idées quand même. En revanche, In the loop
fait preuve sous la satire d'un réalisme saisissant, et l'on croit dur
comme fer à ces petites guerres internes, alimentées par un arrivisme
galopant et une aigreur vraisemblablement innée. Les coups bas
pleuvent, et c'est délectable... jusqu'au moment, difficilement
identifiable, où la lassitude pointe le bout de son nez. Déjà parce que
la dernière partie est tournée vers la résolution des différentes
sous-intrigues, qui n'étaient pas passionnantes pour elles-mêmes mais
simplement pour les dialogues qu'elles engendraient. Et ensuite parce
que trop de dialogue tue le dialogue : aussi drôle soit le film, il
finit par devenir exténuant, comme ces gens pleins d'humour mais qui ne
savent pas s'arrêter. On sort de In the loop avec la banane, mais également avec l'envie de faire une sieste dans un lieu silencieux et apaisant.
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