Critique : Mister Showman
À l'heure où vous lisez ces lignes, Mister Showman est déjà retiré de l'affiche. Une sortie technique dans toute sa splendeur : exploité une semaine dans une seule salle, le film a eu le temps de séduire (?) 437 spectateurs avant d'être rangé dans les cartons pour une sortie DVD dans quelques mois - le temps de trouver un titre "français" moins pourri, espérons-le. Une nouvelle fois, c'est bien dommage : doté d'un casting intéressant, le film de Sean McGinly est un film indépendant pétri de qualité. On y suit le propret Troy Gable, qui délaisse ses études de droit malgré l'opprobre parentale afin de se lancer dans l'écriture. Pour subvenir à ses besoins, il accepte pour un temps de devenir l'assistant d'un célèbre magicien se faisant appeler the great Buck Howard - d'où le titre original du film. Sauf que si celui-ci est connu dans toute l'Amérique, c'est autant pour ses talents de mentaliste que pour son absolue ringardise. D'où une longue et chaotique virée à travers les States, que Troy passera à combler les attentes du cabotin qui lui sert de chef.
Bien que le point de vue adopté soit celui de Troy, le
véritable (anti-)héros du film est ce fameux Buck Howard, loser
magnifique et radoteur de première, qui parvient à remplir une partie
des salles où il se produit en proposant une étrange combinaison
d'émerveillement et de moquerie. Le film est non seulement un portrait
imparable de ce Garcimore imbu de lui-même, mais également une
description édifiante de la course au succès, celle-ci s'effectuant à
tout prix, au mépris du regard des proches et des réelles attentes du
public. Il est d'ailleurs dommage que McGinly n'en soit pas resté là,
lui qui s'éparpille de plus en plus en proposant notamment une histoire
d'amour sans intérêt entre les personnages d'Emily Blunt et Colin Hanks
(oui, le fils de).
Hanks junior s'en tire à merveille dans le rôle
du type transparent. Rôle de composition ou non ? On lui laisse le
bénéfice du doute. Et c'est l'éclate totale lorsque son personnage doit
rendre des comptes à un père carriériste et affligé par le monde du
spectacle, celui-ci étant incarné par... Tom Hanks. Le face-à-face
entre les deux hommes est très mignon et truffé de doubles sens plutôt
cocasses. Mais le film ne serait rien sans un John Malkovich des grands
jours, qui s'amuse à en faire des caisses dans un rôle qui appelle les
excès en tous genres. Toupet, dents bien blanches, répliques toutes
faites qu'il ressasse dans chaque ville où il atterrit (« I love this town
»)... Sa prestation est savoureuse et pas si évidente, puisqu'il
parvient à mettre de l'émotion dans ce qui aurait pu n'être qu'un
personnage foutrement ridicule. La fin est bien vue et laisse sans nul
doute une impression positive dans le coeur des 437 privilégiés qui
auront eu le temps d'aller découvrir cette jolie rareté dans une salle
parisienne.
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